L’homme qui avait tué par balle l’ancien premier ministre japonais, Shinzo Abe, a plaidé coupable mardi 28 octobre à l’ouverture de son procès pour assassinat, trois ans après les faits survenus en pleine rue qui avaient provoqué un choc à travers le monde.
Tetsuya Yamagami, 45 ans, est accusé d’avoir tiré sur l’ancien dirigeant japonais à l’aide d’une arme artisanale lors d’
un meeting électoral le 8 juillet 2022 à Nara (ouest). Il est poursuivi pour meurtre avec préméditation et infraction à la loi sur le contrôle des armes.
« Tout est vrai, je l’ai fait », a déclaré Tetsuya Yamagami après la lecture de l’acte d’accusation. Il était entré quelques minutes plus tôt dans la salle d’audience du tribunal à Nara (ouest), vêtu d’un tee-shirt noir et ses longs cheveux attachés en arrière, escorté par quatre agents de sécurité. Son avocat a toutefois déclaré qu’il contesterait certains chefs d’accusation.
S’il est reconnu coupable d’assassinat, Tetsuya Yamagami risque une longue peine de prison. La peine de mort existe au Japon, mais elle est plus souvent prononcée dans des affaires ayant fait plusieurs victimes. Le verdict est attendu en janvier.
Onde de choc
Ce drame avait provoqué une onde de choc dans un pays où les crimes par arme à feu sont extrêmement rares. Le fait que l’assassin présumé en voulait à Shinzo Abe pour ses liens présumés avec l’Église de l’Unification, dite « secte Moon », a également provoqué un examen des pratiques de cette organisation religieuse accusée d’exercer des pressions financières sur ses fidèles, et de ses liens avec le monde politique japonais.
Fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon, l’organisation s’est vite mêlée de politique, son fondateur côtoyant aussi des chefs d’État étrangers, comme le président américain, Richard Nixon.
La secte Moon avait affirmé en 2012 qu’elle comptait trois millions de fidèles dans le monde. Ce nombre serait toutefois largement exagéré, selon des experts.
Tetsuya Yamagami nourrissait une profonde rancune envers l’organisation, qu’il tient pour responsable de la ruine de sa famille après que sa mère lui aurait versé près de 100 millions de yens (environ un million de dollars à l’époque) sous forme de dons.
« Maltraitance religieuse »
Une audience préliminaire avait dû être annulée en juin 2023 après la découverte d’un colis suspect dans le tribunal, qui s’est avéré contenir une pétition demandant une peine clémente pour l’accusé.
Mardi, les débats devraient se concentrer sur les circonstances atténuantes liées à l’enfance difficile de Tetsuya Yamagami, marquée par la « maltraitance religieuse » liée à la dévotion de sa mère à la secte Moon, selon des médias locaux. La défense devrait nier tout mobile politique, tandis que le parquet insistera sur la préméditation et la gravité des faits.
L’enquête a révélé des liens étroits entre l’Église de l’Unification et plusieurs élus du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir au Japon, entraînant à l’époque la démission de quatre ministres. Une enquête interne du PLD avait montré en septembre 2022 que la moitié de ses 379 élus d’alors au Parlement avaient des relations avec l’Église de l’Unification. Lire la suite sur https://www.la-croix.com/international/mort-de-shinzo-abe-l-assassin-presume-de-lex-premier-ministre-japonais-plaide-coupable-20251028