Le mécanisme tient à la maturité relative des enfants nés aux différents mois de l’année. A six ans, lorsque les enfants entrent en CP, l’écart d’âge entre un enfant né en décembre et un autre en janvier, l’écart est de 11 mois.
Cela représente 15% des années qu’ils ont jusqu’ici vécues, ce qui entraîne des écarts de maturité assez forts.
Les tests ayant lieu à des dates données, les enfants nés en décembre les passent à un âge plus jeune, et par conséquent connaissent une moins bonne réussite.
Ces écarts sont très forts au CP, puis persistent dans de moindres proportions. Mais contrairement à des idées reçues, ils ne disparaissent pas à la fin de l’école primaire, ils sont toujours là au collège, et disparaissent une fois arrivé au lycée. Ces écarts persistent car en fonc tion des résultats scolaires, les enfants auront des parcours différents, notamment au moment de l’orientation en fin de 3e. Les élèves nés en décembre sont plus souvent orientés dans la voir professionnelle que ceux nés en janvier. A 15 ans, leurs résultats ne sont pas si différents, mais les natifs de décembre redoublent plus souvent : deux fois plus que les enfants nés en janvier. D’après mes estimations de 2010, à 11 ans 33% des élèves nés en décembre ont redoublé, contre 18% de ceux nés en janvier. Quel que soit l’origine sociale de l’enfant, cette tendance se vérifie. Or le redoublement est un des facteurs pris en compte pour déterminer l’orientation : être né en décembre augmente de 10 % la probabilité d’avoir un diplôme de type CAP ou BEP par rapport au fait d’être né en janvier.
Dans quelle mesure notre mois de naissance a-t-il par la suite une influence sur notre réussite professionnelle ? Là aussi, que disent les chiffres ?
L’effet porte surtout sur le type d’études que l’on est amenĂ© Ă suivre : on s’orientera plutĂ´t vers des Ă©tudes professionnelles que gĂ©nĂ©rales. Au plan des salaires, on constate que les personnes nĂ©es en dĂ©cembre ont un salaire plus faible de 1% en moyenne par rapport Ă celles nĂ©es en janvier. Cela reprĂ©sente une perte annuelle d’environ 250 euros au niveau du salaire net moyen.Â
Cela voudrait donc dire qu’en France la plupart des capricornes et sagittaires ont soit connu des difficultés pendant toute leur scolarité, soit été forcés à un moment donné de redoubler. En quoi vos observations apportent-elles un regard nouveau dans ce domaine ?
On constate que le redoublement pĂ©nalise injustement les Ă©lèves les plus jeunes de la classe. On redouble beaucoup plus quand on est de la fin de l’annĂ©e, alors qu’il n’y aucune raison pour que l’on soit moins douĂ©. Il faudrait donc des interventions plus spĂ©cifiques dans les classes.Â