Delphine Et�m�, alias Queen Et�m�, a une voix, une pr�sence, un charme, une sensualit� dans ses chansons. Elle n'a pas vraiment usurp� son statut de grande chanteuse. A�n�e d'une famille de six enfants, celle qui �tait destin�e � une carri�re de juriste ou de m�decin, plaque tout pour se retrouver avec un micro � la main. Est-ce un signe pr�monitoire�? Puisque Queen a �t� berc�e depuis son enfance par les chants de sa grand-m�re dans son village � Endinding.

Puis, elle a �t� initi�e par un p�re m�lomane aux rythmes camerounais (bikutsi, magambeu, makossa) et �trangers (jazz, bossa nova, blues, rumba�.). ''C'est une passion, je ne peux pas faire autrement. C'est ma raison de vivre et je ne peux tout simplement pas m'en passer.

Il a fallu tout de m�me que j'aille au bout de mes �tudes, pour convaincre mes parents que je pouvais enfin commencer � faire de la musique'', confie-t-elle. Au d�part, ses parents n'�taient pas d'accord avec son choix de se lancer dans une carri�re musicale.

''Il y a eu beaucoup de grincements de dents. Quand mon p�re m'a envoy�e en France � l'�ge de 16 ans, c'�tait une mani�re de prendre une revanche sur la vie. Parce qu'il n'est pas arriv� loin dans les �tudes.

Mes parents ont sacrifi� toutes leurs �conomies pour que je sois une locomotive pour mes fr�res et s�urs. Je ne suis pas devenue� m�decin comme le voulait mon p�re. Au bout de 22 ans de carri�re musicale, ils ont jet� l'�ponge'', dit-elle.

A Paris, elle int�gre une chorale de gospel comptant plus de cent choristes. Rep�r�e par la chef de ch�ur, elle est tr�s vite promue soliste au sein de l'ensemble. Gr�ce � son talent et � son travail, Queen Et�m� collabore avec de nombreux artistes populaires.

Elle est m�me sollicit�e pour l'enregistrement d'albums en studio et pour des concerts live. Queen multiplie �galement les exp�riences musicales et sera amen�e � travailler avec des artistes tels que Isma�l Lo, Alpha Blondy, Papa Wemba, Gino Sitson...

En 1998, celle que l'on nomme d�j� ''Queen Et�m�'', fait une rencontre d�cisive avec Carole Fr�d�ricks, qui la rassure et l'encourage. C'est lors d'un concert � Paris, au New Morning qu'elle est remarqu�e par Manu Dibango, qui lui demande de travailler avec lui. C'est le d�but d'une longue collaboration. Ensuite, Eric Tavelli (il a entre autres fait travailler les artistes fran�aises Laam, Zazie, Assia...), c�l�bre professeur de chant tombe sous le charme de la voix de Queen Et�m�. Il lui permet de s'assumer, d'aller au bout de son talent vocal et de r�solument croire en elle-m�me.

''J'avais d�j� une voix tr�s d�velopp�e, mais j'ai continu� � la travailler avec lui. Cela n�cessitait beaucoup de boulot. Il faut surtout savoir se servir de sa voix et ma�triser les techniques vocales.

Ne serait-ce que pour ne pas se faire mal parce que c'est un instrument pr�cieux'', dit-elle. Elle publie en 2003, avec le compositeur Dovi, son premier album, ''Soki''. La chanteuse qui ne manque jamais l'occasion de visiter la C�te d'Ivoire, a �t� pendant deux mois, la coach vocale des candidats de l'�mission musicale, Star Karaok� 2014 de la RTI.

� Vous �tes de plus en plus r�guli�re � Abidjan�

- Oui�! Je suis � Abidjan pour terminer un projet musical que nous avons commenc� depuis d�cembre 2013. Il s'agit de l'enregistrement d'un album intitul�, ''Fils d'Afrique''.

Actuellement, nous sommes sur la phase de la r�alisation du clip-vid�o. C'est une chanson sur la paix. Et sur ce projet, je suis avec mes s�urs chanteuses ivoiriennes Monique S�ka, Nayanka Bell, A�cha Kon�, Antoinette Konan, Reine P�lagie, Chantal Ta�ba, Alla Th�r�se.

C'est une id�e de mon producteur qui travaille aussi avec A�cha Kon�. Il a voulu qu'on r�unisse nos voix pour porter haut et fort le message de la paix � travers le monde. Au-del� d'�tre des artistes-chanteuses, nous sommes d'abord des m�res. Je pense que la femme �tant porteuse de valeur, on a une mission, celle de continuer � chanter la paix.

� Comment avez-vous �pous� ce projet�?

- C'est avec beaucoup de joie et de confiance aussi. Parce que mon producteur est quelqu'un qui a une grande vision et qui aime associer les grandes voix de la musique africaine.

J'ai trouv� ce projet musical formidable, pas seulement parce que la C�te d'Ivoire est en train de revenir sur le plan culturel et de reprendre sa place de plaque tournante du show-biz africain. Mais surtout, parce que ce pays sort de la guerre. �a me fait plaisir de pouvoir, ensemble avec toutes mes s�urs, porter d'une seule voix le message de la paix.

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- Ce projet musical co�ncide en m�me temps avec les 20 ans du d�c�s du p�re de la nation ivoirienne, F�lix Houphou�t-Boigny. C'est aussi une occasion pour lui rendre hommage. Parce qu'il a beaucoup �uvr� pour la paix en Afrique et dans le monde.

� Que retenez-vous de Houphou�t-Boigny�?

- Pour moi, il a �t� un grand visionnaire pour l'Afrique. Il y a qu'� voir la C�te d'Ivoire comment elle est construite. Je suis honor�e � ce titre de pouvoir associer ma voix dans un projet d'une telle envergure.

Je l'ai connu aussi � travers Manu Dibango qui me parlait de lui. Manu Dibango a �t� l'un des artistes �trangers � venir s'installer � l'�poque en C�te d'Ivoire. Il a �t� le directeur artistique de l'orchestre de la RTI.

� Pourquoi votre producteur a-t-il� fait le choix des chanteuses ivoiriennes�?

- Ce n'�tait pas �vident de r�unir plusieurs chanteuses ivoiriennes et m�me africaines. Avec nos emplois du temps respectifs qui ne co�ncident pas. Nous ne r�sidons pas au m�me endroit. C'est d'ailleurs ce qui m'oblige � venir en C�te d'Ivoire.

C'est plus simple et on ne pouvait pas drainer les autres chanteuses au Cameroun. Vous imaginez si pour le premier jet de ce projet, nous avions New York, le Br�sil, etc., le projet serait interminable.

Il s'agissait donc dans un premier temps d'avoir une base qui est la C�te d'Ivoire o� r�sident la plupart des chanteuses, m�me s'il y a quand-m�me une ou deux qui sont � l'ext�rieur. C'est pour des probl�mes logistiques et d'efficacit� qu'Abidjan a �t� choisie.

� A quand la sortie de ''Fils d'Afrique''�?

- C'est pour bient�t. Nous avons un producteur qui est tr�s m�ticuleux et exigeant. Tant que le produit n'est pas bon, il ne sort pas. Parce qu'on a envie de donner le meilleur de nous-m�mes.

C'est environ une dizaine de chansons sur l'album. Il y a un titre que nous avons chant� ensemble et chacune a au moins fait deux chansons. C'est de gratifier le public d'un album �clectique et tr�s ouvert avec des styles musicaux et des couleurs vocales vari�es.

� Quelle est selon vous la d�finition de la paix�?

- La paix, c'est vivre en harmonie avec soi-m�me et avec son fr�re,

sa s�ur, son voisin. C'est vivre en harmonie avec tout ce qui nous entoure. Parce que sans cette harmonie, on ne peut pas construire, s'�panouir, �merger, on ne peut pas rayonner.

Tout le monde est concern�, tout le monde a un r�le � jouer. C'est pour cela que nous, en tant qu'artistes, leaders d'opinion, m�res de famille, femmes africaines porteuses de valeur et d'humanit� nous intervenons.

Nous avons aussi ce devoir de continuer sans critiquer, juger, stigmatiser� continuer � sensibiliser les gens en leur disant que s'il n'y a pas de paix, il ne peut pas y avoir d'�mergence. Pas seulement pour l'Afrique, mais pour le monde tout simplement.

� Vous avez mal quand vous voyez toutes ces atrocit�s en Afrique�?

- J'ai vraiment mal quand je vois toutes ces guerres et autres crises en Afrique. �a nous fait r�gresser et �a nous fait perdre beaucoup de temps.

Alors que le monde est � la mondialisation. Les autres avancent � une vitesse exponentielle. Nous sommes toujours en arri�re � cause des crises qui nous mettent en retard. L'Afrique a tellement de potentialit�s, et quand il y a des tensions, tout est perdu.

� Qu'est-ce qui vous a marqu�e quand vous �tes arriv�e en 2010 en C�te d'Ivoire�pour la premi�re fois ?

- Je connais la C�te d'Ivoire � travers pas mal d'artistes africains que j'ai c�toy�s � Paris. La C�te d'Ivoire a �t� importante pour bon nombre d'artistes africains comme B�b� Manga, Lokoua Kanza, Koffi Olomid�.�

Ces artistes me parlaient souvent en bien de ce pays. Quand je suis arriv�e ici en 2010, c'est d'abord l'hospitalit� des gens qui m'a marqu�e. La C�te d'Ivoire correspondait d�j� � l'image qu'on m'avait d�peinte � travers ses artistes.

Elle n'est pas diff�rente du Cameroun. L'Ivoirien, c'est quelqu'un qui aime faire la f�te, qui respire la joie. C'est comme le Camerounais. C'est quelqu'un qui aime aller vers les autres. C'est quelqu'un qui aime bien manger aussi.

� Le public ivoirien a connu Queen Et�m� en 2010. Aujourd'hui, tu as sorti un 4�me album depuis f�vrier 2013 qui n'est pas encore connu en C�te d'Ivoire�

- C'est vrai�! L'album est baptis�, ''Bi Mawo'' (NDLR�: tiens ma main) avec 14 titres. Il est sorti simultan�ment en France et au Cameroun depuis f�vrier 2013. La C�te d'Ivoire et le reste de l'Afrique recevrons

l'album d'ici quelques mois. L'ann�e 2014 va �tre une ann�e o� je vais beaucoup bouger. Je vais aller � la rencontre du public et aussi des m�dias. M�me si j'ai des activit�s extra-artistiques.

� Pourquoi voulez-vous cr�er en Afrique une �cole pour enseigner la perfection des voix ?

- Depuis que je suis rentr�e en Afrique, j'�tais en train de faire les investigations. Maintenant, je suis au stade de l'action. Pour passer � l'action, quand on a une vision, il faut vraiment s'assurer qu'on est dans le sens de la vision.

Et mobiliser toutes les ressources financi�res, mat�rielles, logistiques, spirituelles pour accomplir la vision. Je suis en train d'�riger une �cole panafricaine de perfectionnement de la voix. Cette �cole va associer musique et �tude pour permettre � l'artiste de demain, d'�tre un leader culturel. Je compte r�aliser ce projet au B�nin. C'est pour cela que �a prend beaucoup de temps.

J'h�site pour le moment entre le Cameroun et un autre pays. Comme l'�cole a une vocation panafricaine, en la mettant au Cameroun, les gens vont penser que c'est parce que je suis camerounaise, que j'ai choisi ce pays.

� Qu'en est-il de la vie sentimentale�de Queen Et�m� ?

- Vous voulez que je parle de ma vie sentimentale�? C'est un vrai d�sas-tre. Mais tout ce que Dieu fait, est bon. Peut-�tre aussi, est-ce le prix du sacrifice. Je n'ai pas de vie priv�e. Je n'ai que mes enfants.

Puisque j'ai un enfant biologique de 15 ans et un autre de 25 ans adopt�, qui sont aussi musiciens. Je suis fi�re de les avoir. Et la musique est une passion que je partage avec mes enfants.

� C'est quoi le d�sastre�?

- Le p�re de mon enfant est d�c�d� en 2006. Depuis, je n'ai pas encore trouv� un autre homme dans ma vie. Je me suis tourn�e vers ma carri�re. Mais avec l'�ge et la maturit�, je me suis dit pourquoi ne pas�avoir un mari? Je me dis si Dieu me donne la gr�ce d'avoir un mari, c'est vraiment le s�same.

Je veux quelqu'un qui a une vision, qui a des grandes valeurs. Il y a eu beaucoup de propositions, ce n'est pas parce qu'on a rencontr� quelqu'un avec qui on s'entend, avec qui on partage des valeurs que forc�ment vous pouvez aboutir au mariage.

Tu peux avoir un homme dans ta vie qui est ton meilleur ami, ton confident, ton partenaire. Mais en fait, le mariage, c'est autre chose. C'est une institution divine. Il ne faut pas l'aborder de fa�on l�g�re.