
Comment expliquez-vous votre présence à Korhogo?
Je suis lĂ dans le cadre de mes fonctions dâartiste. Je suis ici pour cĂ©lĂ©brer les arts. Jâentendais apporter mon grain de sel Ă la rĂ©ussite de cette fĂȘte. Car je nâhĂ©siterai pas Ă donner ce que je peux, quand il le faut, pour lâavancement des arts partout oĂč je suis sollicitĂ©. Â
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Vous avez pris part au cĂ©rĂ©monial de la premiĂšre journĂ©e du Fassa, quâavez retenu des festivitĂ©s?
Jâai pu me rendre compte de la diversitĂ© du patrimoine culturel sĂ©noufo, avec les dĂ©filĂ©s et les parades de danses traditionnelles. On sait que lâAfrique regorge de beaucoup de potentialitĂ©. ParticuliĂšrement ici au Nord, nous avons vu des danses quâon nâa pas encore suffisamment promues, mais en plus de nombreuses valeurs qui mĂ©ritent dâĂȘtre vulgarisĂ©es. Câest en cela que ce festival est le
bienvenu. Il va montrer aux yeux de toute la CĂŽte dâIvoire, de toute lâAfrique et au reste du monde, les potentialitĂ©s culturelles de la rĂ©gion. Il ressort ce qui Ă©tait cachĂ© dans nos terroirs. Je souhaite ardemment que ce type de festival soit créé dans toutes les rĂ©gions du pays, de maniĂšre Ă ce que chaque trimestre, on puisse mettre en confrontation les arts des diffĂ©rentes rĂ©gions
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On vous voit de moins en moins au pays et jâimagine que votre programme est trĂšs chargĂ©?
On peut le dire dans une certaine mesure, parce quâen dĂ©but du mois prochain (dĂ©cembre), je dois aller pour les ''Discop'' (un marchĂ© de cinĂ©ma) qui se passent en Afrique du Sud, pour prĂ©senter notre palmarĂšs, depuis les ''Guignols dâAbidjan'', en passant par ''Ma famille'', les studios 225, les productions que jâai faites en dehors de la CĂŽte dâIvoire, etc. Câest la somme de tout ça qui sera en attraction. Je pars avec la dĂ©lĂ©gation ivoirienne, qui est composĂ©e de trois professionnels du cinĂ©ma. Guy Kalou et Akissi Delta. AprĂšs lâAfrique du Sud, on sera au Congo pour un autre festival qui va commencer Ă Brazzaville pour prendre fin Ă Oyo, dans le village natal du prĂ©sident de la RĂ©publique, Sassou Nâguesso. Jâai un tournage de film Ă terminer Ă LomĂ©.
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Que deviennent les ''Guignols dâAbidjan''?
Les ''Guignols'' sont lĂ oĂč on les a dĂ©posĂ©s. Mais, pour lâinstant, ils n'ont pas de plates-formes dâexpression qui peuvent les relancer. Parlant de plate-forme, je fais allusion au tournage de film. On sait que les tournages sont Ă©normes et lourds. Aujourdâhui, on nâa plus le droit Ă la mĂ©diocritĂ©. La tendance est Ă la perfection et pour y parvenir, il faut vraiment mettre la main Ă la poche.
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Quâen est-il de votre collaboration avec Daniel Cuxac?
Il y a longtemps que nous avons arrĂȘtĂ© de travailler avec Daniel Cuxac. Les derniĂšres productions des ''Guignols'' ont pu ĂȘtre possibles grĂące Ă lâapport dâOusmenĂšse, un chanteur français qui a bien voulu nous apporter son appui. Mais, avec la recrudescence du piratage, il sâest repliĂ©. Parce que ça ne sert Ă rien dâinvestir dans un film et de ne pas pouvoir en tirer des dividendes. Cela dĂ©courage les producteurs Ă venir vers nous.
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Quâen est-il de votre collaboration avec Akissi Delta, peut-on attendre quelque de vous aprĂšs ââMa Familleââ?
Je voudrais prĂ©ciser que le projet ââMa familleââ est une initiative de Delta. Elle a eu besoin de nous pour le faire fonctionner, et nous avons travaillĂ© sur le projet. A cet effet, elle a fait appel Ă des acteurs quâelle connaissait dĂ©jĂ , et nous avons tous rĂ©pondu Ă son appel de façon spontanĂ©. Nous sommes venus et chacun a apportĂ© son grain de sel. Le film a rĂ©ussi, au point oĂč lâexploit est allĂ© mĂȘme au delĂ de nos attentes. ââMa famille'' a traversĂ© les frontiĂšres. Mais, il fut un moment oĂč Delta Ă©tait fatiguĂ©e et manquait dâinspiration. Câest comme ça quâelle a arrĂȘtĂ©, pour ne pas que les films soient des reprises oĂč les scĂ©nari et les jeux se ressemblaient. Câest ainsi quâelle a demandĂ© quâon arrĂȘte, le temps de faire une tĂȘte nouvelle et de revenir avec de nouvelles idĂ©es. Câest dans cette attente que nous sommes restĂ©s. Et nous avons Ă©tĂ© sollicitĂ©s par une autre structure parce que nous sommes en free-lance, et nous vivons de ce travail. Nous nous sommes donc retrouvĂ©s avec cette autre structure. LĂ -bas aussi, le contrat est Ă terme. Actuellement, Delta a fini dâĂ©crire la suite de ''Ma famille'' et plus dâune centaine dâĂ©pisodes sont prĂȘtes. Elle nous a dĂ©jĂ contactĂ©s. Chacun a donnĂ© son accord. Je veux parler de ceux qui sont lĂ , car vous ĂȘtes sans savoir quâil y a eu des dĂ©cĂšs dans le groupe. Pour le reste, tout le monde a donnĂ© son accord par rapport Ă une reprise. Si je mâen tiens au programme, nous devrons pouvoir reprendre le tournage au mois de dĂ©cembre ou janvier prochain.
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Quel est ton regard sur le cinéma ivoirien ?
Peut-on parler de cinĂ©ma en CĂŽte dâIvoire? Câest un dossier assez large, trĂšs lourd et brĂ»lant Ă la fois. Nous, câest le mĂ©tier que nous avons choisi, parce que quand tu pars du théùtre, lâaboutissement, câest le cinĂ©ma. Aujourdâhui, le cinĂ©ma est en train de mourir, puisquâil nâexiste plus de salle. Les salles ont fait place aux Ă©glises. MĂȘme si on a un film sous la main, on ne sait plus oĂč le diffuser. Par contre, le Burkina Faso a maintenu ses salles de cinĂ©ma, au point oĂč si aujourdâhui on a un film sous la main, on est obligĂ© dâaller le projeter soit au Burkina, soit dans un autre pays comme le Cameroun. Ce nâest pas normal quâun grand pays comme la CĂŽte dâIvoire nâait pas salle de cinĂ©ma. Les grandes salles de cinĂ©ma quâon a connues par le passĂ© sont transformĂ©es en Ă©glises.
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Michel Gohou, on vous a vu rĂ©cemment Ă lâIle de Mayotte sur les rĂ©seaux sociaux, oĂč vous avez drainĂ© un monde fou, si loin de votre pays?
Cela prouve que le travail quâon fait ici est bien suivi aussi ailleurs. Ăa fait toujours plaisir. Cela prouve que le travail quâon fait est bien suivi ici et ailleurs. On se rend compte que les sujets quâon choisit ne relĂšvent pas du hasard. Bien au contraire. Il y a aussi le jeu quâon fait bien, parce quâil est de qualitĂ©. Une bonne marchandise sâĂ©coule seule. Câest justement parce que le travail quâon fait rĂ©pond aux besoins des consommateurs.
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Entretien réalisé par Germain DJA K, envoyé spécial à Korhogo