• On t’a perdu de vue, qu’est-ce que tu deviens ?
- Je suis là . Je  continue bien entendu de jouer au foot, ma passion. J’évolue depuis un an dans un club de première division en Pologne (Corona Kielce, ndlr). J’ai été bien accueilli dans ce nouvel environnement. J’ai retrouvé le plaisir de jouer au foot, comme à mes débuts à l’AJ Auxerre. Il faut dire que mon arrivée dans ce club polonais, a été surtout favorisée par le coach de cette équipe : Ryszard Tarasiewics, qui parlait déjà le français. Il m’a vraiment convaincu de venir jouer dans ce championnat.
• Comment se passe les vacances à Abidjan ?
- Les vacances se passent super bien. Je profite de ce moment pour vraiment me ressourcer. Abidjan m’a beauc oup manqué. Parce que chaque fois que je viens au pays, c’est maximum une semaine de séjour. Je suis vraiment heureux aujourd’hui de retrouver la famille, les amis, les grands frères du quartier du côté de Koumassi- Sicogi. Ça fait du bien de retrouver le soleil abidjanais. Parce que là où j’évolue en Pologne, il fait très froid (sourire).
• Tu as joué en France, en Italie, en Angleterre… et aujourd’hui, tu déposes tes valises en Pologne dans un modeste club, est-ce une fin annoncée de ta carrière ?
- Pas du tout. Tant que j’aurai la santé et la force, je prendrai toujours plaisir à taper dans le ballon. J’ai commencé très vite à jouer au foot.Et j’ai toujours envie de jouer. Je suis en Pologne pour un an de contrat avec Corona Kielce, après on verra. J’ai des propositions ailleurs. Je pense repartir dans un championnat beaucoup plus relevé.
• Tu étais promu à un avenir radieux dans le foot. On disait de toi que tu serais le successeur de Zidane.Le destin semble en avoir décidé autrement. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
- J’ai connu des hauts et des bas, c’est vrai. Mais je ne me plains pas de ma carrière. Je sais que j’ai du potentiel. J’ai apporté et je continue d’apporter du plaisir à des milliers de supporters sur les stades. Je me fais ainsi plaisir sur le terrain. Dans ma carrière, il faut dire que je n’ai pas été non plus épargné des blessures, mais c’est tout ça la vie d’un footballeur.
• Dis-nous, franchement, es-tu satisfait de ta carrière ?
- Je ne vois pas pourquoi je ne serais pas satisfait de ma carrière. J’ai joué avec l’équipe de France depuis les sélections de jeunes. J’ai aussi évolué dans les plus grands championnats européens aux côtés de grands joueurs et remporté des trophées, c’est une chance.
• Que réponds-tu donc à ceux qui estiment que tu es un «beau gâchis» ?
- (Il sourit, remuant la tête), Ecoutez, c’est un avis, je comprends. C’est vrai, beaucoup de gens, des sportifs, attendaient de me voir au sommet, j’ai touché le haut niveau. Mais l’homme propose, Dieu dispose. Je suis aujourd’hui heureux que le foot m’ait  tout apporté, c’est le plus important.
• Ta première sélection chez les Bleus remonte en Septembre 2002. Pour la suite, tu as eu une brève aventure avec l’Equipe de France. Aujourd’hui Olivier Kapo, regrette-t-il d’avoir fait le choix de la nationalité française ?
- Je ne regrette pas mon choix, je l’assume. Il faut dire que le fait que j’ai grandi en France, a beaucoup joué dans l’option française. Je rêvais comme tout jeune vivant en France, de porter un jour le maillot des Bleus. Pour cela, il fallait que je choisisse la nationalité française.  J’ai connu des moments de bonheur avec l’équipe de France. Mais aujourd’hui les Bleus, ce n’est plus d’actualité pour moi, il faut laisser la place aux plus jeunes.
• Un pincement au cœur tout de même de n’avoir pas porté les couleurs de ton pays la Côte d’Ivoire. Et évoluer aux côtés des Drogba, Yaya, Gervinho…
- Les Eléphants ont une belle génération de footballeurs, il y a encore de jeunes joueurs qui se signalent. Je suis très content pour eux. Tout joueur aurait bien voulu évoluer aux côtés des garçons de talents, comme Drogba, Yaya, Gervinho, Kalou…et se régaler. Aujourd’hui, sachez que je suis le supporter numéro 1 de cette équipe des Eléphants.
• Et si tout était à refaire pour toi ?
- (Il réfléchit un instant,) c’est vraiment éviter de faire des erreurs dans sa carrière. Si je recommençais tout aujourd’hui, ça va vraiment dépendre des options et des conditions qui vont se présenter à moi. Je sais que c’est un plaisir et une fierté de vêtir le maillot de son pays et défendre ses couleurs.
• Penses- tu pouvoir rebondir ?
- Mais pourquoi pas ?J’ai commencé à jouer très jeune. Tant que j’aurai mes facultés physiques, je serai toujours prêt à exprimer mon talent sur un terrain de foot. Je n’ai rien perdu. Là où j’évolue en ce moment en Pologne, je ne compte pas  faire un année de plus. Je pars d’ailleurs à la fin de la saison.
• As-tu des challenges à relever encore ?
- Bien entendu, je respire la forme, j’ai envie de foot. J’ai fait une très bonne saison, l’an passé. J’ai pas mal de propositions ailleurs, j’attends de voir, on verra.
• Nous sommes à quelques jours de la fête du football africain, la Can 2015 en Guinée Equatoriale. Crois-tu aux chances des poulains de Hervé Renard ?
- Vous savez, à ce stade de la compétition, toutes les équipes se valent. Il n’ya plus de petites équipes aujourd’hui. Il faut attendre les premiers matches pour pouvoir se prononcer. Les Eléphants ont de grosses individualités qui n’ont rien à envier même à des sélections européennes. Il nous faut un collectif qui a envie de mouiller le maillot et on ira très très loin dans cette compétition.
• Les 23 Eléphants retenus pour la Can sont connus. Didier Drogba ne figure pas sur cette liste. Un commentaire ?
- C’est dommage, c’est un gros gâchis. Parce que Didier reste Didier, quel que soit sa forme. Je pense qu’on devait tout faire pour qu’il accepte de venir jouer sa dernière Can. Il en est de même pour Eboué, Zokora, qui aujourd’hui a le plus grand nombre de sélections. Avec tout ce que ces joueurs ont apporté a l’équipe de Côte d’Ivoire, et voir les choses finir ainsi, c’est dommage. Ils méritaient mieux.
• A qui la faute ?
- C’est la faute au football, aux sportifs qui ne savent pas souvent récompenser des athlètes qui ont su leur procurer à un moment beaucoup de plaisirs.
• Le 8 Janvier on connaîtra le nom du nouveau ballon d’or africain. Qui de Yaya Touré, Enyeama et de Obame Yang, sera selon toi le vainqueur ?
- Je pense que Yaya mérite ce ballon d’or. Il défend, il marque des buts. Il fait une super saison avec son Club Manchester City, qui a été d’ailleurs champion d’Angleterre l’année dernière.
• Il t’arrive souvent de penser à l’après foot ?
- Oui bien sûr. Je veux surtout m’investir pour la cause des jeunes. La chance que j’ai eu de jouer et réussir en Europe, je veux la faire profiter aux autres.
• De plus en plus, pas mal de footballeurs ivoiriens se lancent dans le social, l’humanitaire, à travers la création de Fondation, ça te dit ?
- Ecoutez, je suis beaucoup discret quand je dois œuvrer dans le social. Si je dois faire des gestes pour les autres, je n’ai pas besoin d’appeler les médias pour en parler, ça ne m’intéresse pas. Dieu seul sait ce que je fais. Je suis issu d’une famille pauvre. Tant que j’aurai la possibilité, je ferai toujours des gestes pour les personnes qui en ont besoin.
• Qu’est-ce que le foot t’a permis de réaliser à ce jour ?
- Déjà , je suis fils de footballeur. Le foot m’a aussi permis de me faire un nom, c’est le plus important. En termes de biens, je ne veux pas vraiment me prononcer sur cette question.
• Tu t’es marié récemment ?
- Oui effectivement, ça fait maintenant 6 mois que je me suis marié. J’ai épousé une Cap verdo-togolaise. Elle est à Dakar en ce moment, où elle a passé les fêtes de fin d’année en famille. Pour le moment, on attend d’avoir des gosses.
• Et l’épisode Balakiss, ton ex- compagne (ex-star tonnerre)
- Franchement Balakiss, je ne tiens pas à en parler, sans manquer de respect, je veux éviter d’évoquer son nom ici.
• Ah, bon ? ce fut un mauvais souvenir ?
- Vous savez, tout ça, c’est comme un bus, il est souvent bourrĂ©. Il arrive Ă un arrĂŞt et il y a des gens qui cherchent Ă monter. Il passe et il revient. Cette histoire, c’est du passĂ©. Et moi, j’ai vraiment tournĂ© la page.Â
Par Inzah D.