Chacun de nous a peut-être vu ou entendu parler de cette fameuse liste qui a été partagée abondamment sur les plateformes sociales, la semaine dernière. Une liste de 159 demandes de divorce. Elles auraient été soumises à un tribunal en Côte d’Ivoire, en l’espace d’une seule journée. Vrai ou faux ? Puisque dans le même temps, la même liste était relayée par des Camerounais qui affirmaient que les faits se sont déroulés chez eux, au tribunal de Ndokotti à Douala. A leur tour, les Congolais (de la RDC) s’y sont mêlés.
Ils ont déclaré que ce document provenait plutôt du Tribunal de paix (Tripaix) de Ngaliema à Kinshasa. A la différence que là-bas, un de leur compatriote a eu la présence d’esprit de vérifier l’authenticité de cette liste fabuleuse. Et voici son commentaire : «Ce document de 159 demandes de divorce en un jour est un faux. Le Tripaix/Ngaliema à Kinshasa ne le 
reconnaît pas. “Un extrait de rôle contient un numéro et des noms des parties en conflit”, explique-t-on au greffe. “Dans un extrait de rôle, il est indiqué des initiales «RD», qui signifie Registre ou Rôle de divorce”. Ces initiales n’apparaissent pas dans le document qui fait le buzz. Le greffe rassure que ce Tribunal de paix n’a jamais traité même 30 affaires en une journée», conclut-il. Voilà qui est clair.
Mais au-delà du buzz suscité par ce document, la réalité de nos jours est-elle si différente ? Il suffit de faire un tour dans nos tribunaux pour se rendre compte du nombre hallucinant d’affaires portant sur des demandes de divorce. Selon des sources, le taux de divorces serait même en constante hausse par rapport à celui des mariages dans notre pays. Et depuis quelques jours, se pose la problématique brûlante de la soumission de la femme dans le foyer, voire celle du mariage tout court. A se demander donc pourquoi l’on se marie, parfois avec tant d’empressement ? Est-ce par amour ? Dans ce cas, l’amour aurait-il une date de péremption ? Bien malin qui saura y répondre.
L’une des évidences en tout cas, sans avoir la prétention d’en connaître toutes les causes, est la désacralisation du mariage dans nos sociétés depuis longtemps. N’oublions pas non plus le rôle joué par ces coachs matrimoniaux autoproclamés dont les comptes ont fleuri sur la toile ces dernières années. Les conseils prodigués à leurs nombreux followers, à majorité constitués de jeunes femmes, laissent parfois pantois. Cela vaut autant pour les hommes. Mais nous sommes dans une société de liberté d’expression, et quiconque peut s’affubler du titre qu’il veut et dire ce qu’il veut. Quitte à se fourvoyer sur les notions de soumission de la femme, de féminisme, de sexisme et autres mots de même famille.
A l’évidence, les violences conjugales, l’infidélité, le mauvais caractère, l’égoïsme, le manque de soutien ou de respect mutuel, la routine, les désaccords permanents (sur l’éducation des enfants ou les objectifs), l’ingérence de tierces personnes, l’argent, l’incompatibilité, etc., peuvent être cités parmi les nombreuses causes de divorce. D’où l’importance de savoir où l’on met les pieds avant de se “mettre la corde au cou”, selon l’expression consacrée.
Le mariage n’est pas un jeu. C’est un projet de vie. Il est sacré depuis la nuit des temps. Et, surtout, loin de militer pour le célibat, c’est un acte réservé aux hommes et femmes ayant une hauteur d’esprit.
François Yéo
Mots clés: #Mariage