Yodé Côcô : ''Les jeunes zougloumen sont des débrouillards''
Postée le 15-04-2015 / 1551 Vues

C’est en 1992 que Jean Martial YodĂ©, alias YodĂ© CĂŽcĂŽ a sorti la chanson ‘’CĂŽcî’’, qui a connu un franc succĂšs, mĂȘme au-delĂ  des frontiĂšres ivoiriennes. Ensuite, les albums ‘’Parisien moisi’’ en 1996, ‘’LĂ  il est l’heure’’ en 1999, l’album ‘’Dozo’’ en 2002 et ‘’LibĂ©rez DĂ©zi’’  en 2004. Sa nouvelle Ɠuvre ‘’Je suis lĂ  ‘’ sortira dans les jours Ă  venir. «J’ai mis Ă  profit toutes ces annĂ©es pour travailler sur cette Ɠuvre. Parce que je veux Ă©viter les erreurs du passĂ©. Donc, il fallait miser sur un bon producteur, qui va comprendre mes motivations Ă  sortir un album. Je pense que c’est chose faite, avec celui que j’ai choisi», explique le chanteur.


‱ Comment vas-tu YodĂ© CĂŽcΠ?


- Je pĂšte la forme. Et je ne me plains pas. (Il essuie son visage avec une serviette).


‱ Habites-tu toujours dans la cour familiale à la Yopougon-Sicogi ?


- Non, il y a longtemps que j’ai quittĂ© la cour familiale. J’habite le quartier Sideci avec ma petite famille dans un immeuble, face au Palais de justice de Yopougon.


‱ Depuis de nombreuses annĂ©es, tu n’as pas sorti d’albums. De quoi vis-tu ?


- Il y a des promoteurs de spectacles avec qui j’ai gardĂ© de trĂšs bons rapports, qui me trouvent des prestations. Donc, c’est ce qui me fait vivre. Vous savez, je fais partie de ceux qui ont rĂ©volutionnĂ© le zouglou en 1993, aprĂšs Poignon, BilĂ© Didier. Pour plusieurs artistes zouglou, je suis le maĂźtre et ils sont fiers de me prĂ©senter comme leur guide dans ce milieu. C’est pourquoi, je suis sollicitĂ© pour ĂȘtre le parrain artistique de nombreuses soirĂ©es.


‱ Es-tu heureux de vivre de cette maniùre ?


- Bon, ce sont mes amis de tous les jours depuis belle lurette. Ils  me font tourner. Et c’est ce qui me permet de m’occuper de mes charges  et subvenir aux besoins de ma famille. Moi, je me sens bien aussi, je n’en veux Ă  personne. Sinon, si on veut rentrer dans les dĂ©tails, toute la CĂŽte d’Ivoire me doit.


‱ Et tes droits d’auteur ?


- Je perçois mes droits d’auteur chaque fois que la rĂ©partition est faite au BURIDA. Je fĂ©licite l’excellent  travail de la directrice Mme IrĂšne ViĂ©ira. Parce que, il y a quelques annĂ©es en arriĂšre, je suis restĂ© un bon moment sans rien recevoir de cette maison.  


‱ Combien as-tu perçu lors de ton dernier passage au BURIDA ?


- LĂ , tu veux connaitre mon salaire ?. C’est une affaire privĂ©e. Vous devez savoir que les zougloumen ont beaucoup ƓuvrĂ© Ă  l’avancement du BURIDA.  Et je pense que la direction ne dira pas le contraire.


‱ Tu sors une nouvelle Ɠuvre, quelle  sera sa particularitĂ© par rapport Ă  tes autres albums ?


- Je reste fidĂšle au registre musical dans lequel les mĂ©lomanes m’ont connu. Je fais le zouglou pur et dur. Je ne peux pas faire partie de ces artistes qui ont dĂ©figurĂ© le zouglou. Je refuse cela catĂ©goriquement.


‱ Ce ‘’zouglou dĂ©figuré’’ marche-t-il  bien Ă  l’échelle internationale ?


- Tout le monde peut voyager, je ne suis pas contre cela. Mais ce que notre gĂ©nĂ©ration a produit comme vente de Cd, ces artistes qui disent avoir apportĂ© du nouveau au zouglou, n’ont pas encore atteint notre record.


‱ Que dis-tu de Magic System qui glane des disques d’or
 ?


- Je n’ignore pas les diffĂ©rents disques d’or de Magic System. C’est parce qu’à  notre Ă©poque, la machine du show-biz ivoirien n’était pas aussi dĂ©veloppĂ©e, pour vendre mon talent sur la scĂšne internationale. Sinon, on serait allĂ© plus loin. Aujourd’hui, quand le groupe Magic System est en spectacle en Europe, leur public est composĂ© en majoritĂ© de Blancs. Autrement dit Ă  part eux, quel autre artiste a rĂ©ussi cette percĂ©e ?  Mais pour que ce groupe arrive Ă  vendre cette musique, on parle des ‘’Doyas’’ composĂ©s d’Alan Bill, Poignon, et moi. Malheureusement, on n’a jamais Ă©tĂ© convoquĂ© pour une cĂ©rĂ©monie de dĂ©coration ? Afin de recevoir notre mĂ©daille. Pour avoir Ă©tĂ© les prĂ©curseurs de la musique zouglou, qui est exportĂ©e dans le monde, par A’salfo et ses amis.


‱ Est-ce une maniĂšre de rĂ©clamer une MĂ©daille ?


- (Il monte le ton) Oui, je dois ĂȘtre dĂ©corĂ© maintenant de mon vivant. Mais Ă  titre posthume, je ne veux pas de ça. En CĂŽte d’Ivoire, j’étais successivement distinguĂ© ‘’WembĂ©lĂ© d’or‘’ de 1993 Ă  1998. Et c’est Ă  mes cĂŽtĂ©s que Petit YodĂ© a appris Ă  chanter. Et comme lui, j’ai formĂ© plusieurs artistes. C’est pourquoi au dĂ©but, je disais que j’étais un maĂźtre dans le zouglou qui est devenu une identitĂ© culturelle de la CĂŽte d’Ivoire. Alors, j’attends ma mĂ©daille.


‱ Quelle est ta relation avec le groupe Magic System ?


- Ce sont mes enfants. Eux-mĂȘmes reconnaissent que je suis leur ‘’pĂšre’’. Parce que je ne suis pas mĂ©chant. Entre nous c’est toujours la fraternitĂ©.


‱ Que devient l’album des Doyas produit par Eric Patron ?


- L’album est lĂ . Seulement, je n’ai pas apprĂ©ciĂ© l’orchestration musicale, qui nous Ă©loignait du vrai zouglou originel. En plus de cela, le producteur Eric Patron est toujours en voyage. Et c’est difficile de pouvoir entamer vĂ©ritablement la promotion. Donc, quand il aura le temps, les Doyas seront en activitĂ©.


‱ Est-ce vrai que vous avez rompu votre contrat avec lui ?


- Je n’en dirai pas plus, c’est une cuisine interne. Je fĂ©licite l’action du jeune frĂšre Eric Patron, qui nous a rĂ©unis pour sortir un album. C’était une bonne initiative, qu’il a eue par rapport Ă  ceux qui ont connu le succĂšs avant lui. Pour le reste, on rĂšglera les dĂ©tails en famille.


‱ Pourras-tu avoir le temps nĂ©cessaire pour ĂȘtre Ă  cheval sur ta carriĂšre solo et les activitĂ©s du groupe les Doyas ?


- J’ai un contrat avec le producteur de mon nouvel album, avant celui des Doyas. Je continue ma carriĂšre solo tranquillement. Maintenant, si les choses sont rentrĂ©es dans l’ordre avec les Doyas, vous verrez la suite  des choses.


‱ As-tu des regrets dans ta carriùre ?


- Oui, j’ai Ă©tĂ© produit par des gens qui m’ont grugĂ©. Et c’est pourquoi, m’a situation est restĂ©e telle. Je laisse Dieu me rendre justice.


‱ Cela fait des annĂ©es que tu n’es plus reparti en France ?


- Je suis allĂ© quatre fois en  France. Et je suis allĂ© avant BilĂ© Didier. Si je ne suis plus reparti, c’est pour la simple et bonne raison, que j’étais sous contrat avec des producteurs et des promoteurs.


‱ N’as-tu pas Ă©tĂ© tentĂ© d’aller Ă  l’aventure ?


- Non, c’est quand tu n’es plus inspirĂ© que tu fuis pour t’installer en Europe. J’étais dans la dĂ©lĂ©gation composĂ©e de Bloco des Salopards, YodĂ© des Potes de la Rue et d’autres zougloumen pour un spectacle en France. AprĂšs le show, ils ont tous ‘’calé’’ sauf moi. Je suis revenu Ă  Abidjan.  Ils vivent en France, mais c’est ici, que ces artistes viennent jouer rĂ©guliĂšrement. Parce que les mĂ©lomanes de lĂ -bas, les ont trop vus. Donc, c’est Ă  Abidjan, qu’ils ont leur vrais ‘’gombos’’. 


‱ Quelle est ton regard sur la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chanteurs zouglou ?


- Les jeunes chanteurs zouglou sont des dĂ©brouillards. Ils font ce qu’ils peuvent pour le zouglou. C’est notre gĂ©nĂ©ration qui a conscientisĂ© la jeunesse avec notre musique. Et aujourd’hui, c’est eux qui sont les cadres et autoritĂ©s de ce pays. Contrairement Ă  nous, le zouglou de maintenant n’arrive pas Ă  Ă©duquer ces jeunes qui font des piercings, des styles d’habillement extravagants. Et c’est vraiment dommage pour l’avenir de la jeunesse.


‱ As-tu des enfants ?


- Oui, j’en ai 5.


Par Charly LĂ©gende

Source : topvisages.net
Autres articles