Câest en 1992 que Jean Martial YodĂ©, alias YodĂ© CĂŽcĂŽ a sorti la chanson ââCĂŽcĂŽââ, qui a connu un franc succĂšs, mĂȘme au-delĂ des frontiĂšres ivoiriennes. Ensuite, les albums ââParisien moisiââ en 1996, ââLĂ il est lâheureââ en 1999, lâalbum ââDozoââ en 2002 et ââLibĂ©rez DĂ©ziââ en 2004. Sa nouvelle Ćuvre ââJe suis lĂ ââ sortira dans les jours Ă venir. «Jâai mis Ă profit toutes ces annĂ©es pour travailler sur cette Ćuvre. Parce que je veux Ă©viter les erreurs du passĂ©. Donc, il fallait miser sur un bon producteur, qui va comprendre mes motivations Ă sortir un album. Je pense que câest chose faite, avec celui que jâai choisi», explique le chanteur.
⹠Comment vas-tu Yodé CÎcΠ?
- Je pĂšte la forme. Et je ne me plains pas. (Il essuie son visage avec une serviette).
âą Habites-tu toujours dans la cour familiale Ă la Yopougon-Sicogi ?
- Non, il y a longtemps que jâai quittĂ© la cour familiale. Jâhabite le quartier Sideci avec ma petite famille dans un immeuble, face au Palais de justice de Yopougon.
âą Depuis de nombreuses annĂ©es, tu nâas pas sorti dâalbums. De quoi vis-tu ?
- Il y a des promoteurs de spectacles avec qui jâai gardĂ© de trĂšs bons rapports, qui me trouvent des prestations. Donc, câest ce qui me fait vivre. Vous savez, je fais partie de ceux qui ont rĂ©volutionnĂ© le zouglou en 1993, aprĂšs Poignon, BilĂ© Didier. Pour plusieurs artistes zouglou, je suis le maĂźtre et ils sont fiers de me prĂ©senter comme leur guide dans ce milieu. Câest pourquoi, je suis sollicitĂ© pour ĂȘtre le parrain artistique de nombreuses soirĂ©es.
⹠Es-tu heureux de vivre de cette maniÚre ?
- Bon, ce sont mes amis de tous les jours depuis belle lurette. Ils me font tourner. Et câest ce qui me permet de mâoccuper de mes charges et subvenir aux besoins de ma famille. Moi, je me sens bien aussi, je nâen veux Ă personne. Sinon, si on veut rentrer dans les dĂ©tails, toute la CĂŽte dâIvoire me doit.
âą Et tes droits dâauteur ?
- Je perçois mes droits dâauteur chaque fois que la rĂ©partition est faite au BURIDA. Je fĂ©licite lâexcellent travail de la directrice Mme IrĂšne ViĂ©ira. Parce que, il y a quelques annĂ©es en arriĂšre, je suis restĂ© un bon moment sans rien recevoir de cette maison. Â
⹠Combien as-tu perçu lors de ton dernier passage au BURIDA ?
- LĂ , tu veux connaitre mon salaire ?. Câest une affaire privĂ©e. Vous devez savoir que les zougloumen ont beaucoup ĆuvrĂ© Ă lâavancement du BURIDA. Et je pense que la direction ne dira pas le contraire.
âą Tu sors une nouvelle Ćuvre, quelle sera sa particularitĂ© par rapport Ă tes autres albums ?
- Je reste fidĂšle au registre musical dans lequel les mĂ©lomanes mâont connu. Je fais le zouglou pur et dur. Je ne peux pas faire partie de ces artistes qui ont dĂ©figurĂ© le zouglou. Je refuse cela catĂ©goriquement.
âą Ce ââzouglou dĂ©figurĂ©ââ marche-t-il bien Ă lâĂ©chelle internationale ?
- Tout le monde peut voyager, je ne suis pas contre cela. Mais ce que notre gĂ©nĂ©ration a produit comme vente de Cd, ces artistes qui disent avoir apportĂ© du nouveau au zouglou, nâont pas encore atteint notre record.
âą Que dis-tu de Magic System qui glane des disques dâorâŠÂ ?
- Je nâignore pas les diffĂ©rents disques dâor de Magic System. Câest parce quâĂ Â notre Ă©poque, la machine du show-biz ivoirien nâĂ©tait pas aussi dĂ©veloppĂ©e, pour vendre mon talent sur la scĂšne internationale. Sinon, on serait allĂ© plus loin. Aujourdâhui, quand le groupe Magic System est en spectacle en Europe, leur public est composĂ© en majoritĂ© de Blancs. Autrement dit Ă part eux, quel autre artiste a rĂ©ussi cette percĂ©e ? Mais pour que ce groupe arrive Ă vendre cette musique, on parle des ââDoyasââ composĂ©s dâAlan Bill, Poignon, et moi. Malheureusement, on nâa jamais Ă©tĂ© convoquĂ© pour une cĂ©rĂ©monie de dĂ©coration ? Afin de recevoir notre mĂ©daille. Pour avoir Ă©tĂ© les prĂ©curseurs de la musique zouglou, qui est exportĂ©e dans le monde, par Aâsalfo et ses amis.
⹠Est-ce une maniÚre de réclamer une Médaille ?
- (Il monte le ton) Oui, je dois ĂȘtre dĂ©corĂ© maintenant de mon vivant. Mais Ă titre posthume, je ne veux pas de ça. En CĂŽte dâIvoire, jâĂ©tais successivement distinguĂ© ââWembĂ©lĂ© dâorââ de 1993 Ă 1998. Et câest Ă mes cĂŽtĂ©s que Petit YodĂ© a appris Ă chanter. Et comme lui, jâai formĂ© plusieurs artistes. Câest pourquoi au dĂ©but, je disais que jâĂ©tais un maĂźtre dans le zouglou qui est devenu une identitĂ© culturelle de la CĂŽte dâIvoire. Alors, jâattends ma mĂ©daille.
⹠Quelle est ta relation avec le groupe Magic System ?
- Ce sont mes enfants. Eux-mĂȘmes reconnaissent que je suis leur ââpĂšreââ. Parce que je ne suis pas mĂ©chant. Entre nous câest toujours la fraternitĂ©.
âą Que devient lâalbum des Doyas produit par Eric Patron ?
- Lâalbum est lĂ . Seulement, je nâai pas apprĂ©ciĂ© lâorchestration musicale, qui nous Ă©loignait du vrai zouglou originel. En plus de cela, le producteur Eric Patron est toujours en voyage. Et câest difficile de pouvoir entamer vĂ©ritablement la promotion. Donc, quand il aura le temps, les Doyas seront en activitĂ©.
⹠Est-ce vrai que vous avez rompu votre contrat avec lui ?
- Je nâen dirai pas plus, câest une cuisine interne. Je fĂ©licite lâaction du jeune frĂšre Eric Patron, qui nous a rĂ©unis pour sortir un album. CâĂ©tait une bonne initiative, quâil a eue par rapport Ă ceux qui ont connu le succĂšs avant lui. Pour le reste, on rĂšglera les dĂ©tails en famille.
âą Pourras-tu avoir le temps nĂ©cessaire pour ĂȘtre Ă cheval sur ta carriĂšre solo et les activitĂ©s du groupe les Doyas ?
- Jâai un contrat avec le producteur de mon nouvel album, avant celui des Doyas. Je continue ma carriĂšre solo tranquillement. Maintenant, si les choses sont rentrĂ©es dans lâordre avec les Doyas, vous verrez la suite des choses.
⹠As-tu des regrets dans ta carriÚre ?
- Oui, jâai Ă©tĂ© produit par des gens qui mâont grugĂ©. Et câest pourquoi, mâa situation est restĂ©e telle. Je laisse Dieu me rendre justice.
âą Cela fait des annĂ©es que tu nâes plus reparti en France ?
- Je suis allĂ© quatre fois en France. Et je suis allĂ© avant BilĂ© Didier. Si je ne suis plus reparti, câest pour la simple et bonne raison, que jâĂ©tais sous contrat avec des producteurs et des promoteurs.
âą Nâas-tu pas Ă©tĂ© tentĂ© dâaller Ă lâaventure ?
- Non, câest quand tu nâes plus inspirĂ© que tu fuis pour tâinstaller en Europe. JâĂ©tais dans la dĂ©lĂ©gation composĂ©e de Bloco des Salopards, YodĂ© des Potes de la Rue et dâautres zougloumen pour un spectacle en France. AprĂšs le show, ils ont tous ââcalĂ©ââ sauf moi. Je suis revenu Ă Abidjan. Ils vivent en France, mais câest ici, que ces artistes viennent jouer rĂ©guliĂšrement. Parce que les mĂ©lomanes de lĂ -bas, les ont trop vus. Donc, câest Ă Abidjan, quâils ont leur vrais ââgombosââ.Â
⹠Quelle est ton regard sur la nouvelle génération de chanteurs zouglou ?
- Les jeunes chanteurs zouglou sont des dĂ©brouillards. Ils font ce quâils peuvent pour le zouglou. Câest notre gĂ©nĂ©ration qui a conscientisĂ© la jeunesse avec notre musique. Et aujourdâhui, câest eux qui sont les cadres et autoritĂ©s de ce pays. Contrairement Ă nous, le zouglou de maintenant nâarrive pas Ă Ă©duquer ces jeunes qui font des piercings, des styles dâhabillement extravagants. Et câest vraiment dommage pour lâavenir de la jeunesse.
⹠As-tu des enfants ?
- Oui, jâen ai 5.
Par Charly LĂ©gende