Fadal Dey : "Les reggaemen ne donnent pas l'exemple"
Postée le 13-10-2015 / 1642 Vues

• Tu bouges beaucoup ces derniers temps ?


- C’est vrai que ces derniers mois, je suis tout le temps parti pour des spectacles dans les villes de l’intérieur et de la sous-région. Il y a également mon nouvel album qui est sorti  depuis le 28 septembre dernier.


• Cette œuvre a été d’ailleurs plusieurs fois annoncée?


- Oui, c’est exact. Mais je prenais mon temps pour faire un travail propre. Donc, cela fait quatre ans que je bosse minutieusement sur cette œuvre. Et comme c’est une autoproduction, j’ai dû avoir l’autorisation de ma maison de production pour la sortir.


• Est-ce à dire qu’avec Canta Productions, c’est la fin de votre collaboration ?


- Non, pas du to ut. J’ai un contrat de deux albums avec Canta Productions. C’est une structure qui regroupe en son sein plusieurs artistes. Après mon album qu’il a produit, ça a été l’album ‘’Je reste’’ d’Ismaël Isaac. Pour ma deuxième production, les responsables ont souhaité que je patiente jusqu’en 2016. Or, j’étais inspiré par certains sujets d’actualité. J’ai tenu à sortir une œuvre pour dire ma part de vérité et renouer avec les mélomanes. C’est en toute franchise et sans animosité qu’ils m’ont donné leur accord pour réaliser cette œuvre. Donc, il n’y a pas de palabre entre nous. Canta est toujours mon producteur.


• Et si cette œuvre a un gros succès ?


- Si l’album fait un tabac, cela va être un plus pour la suite de notre collaboration.


• Quelle est la particularité de cette œuvre?


- La particularité réside dans le fait que j’ai travaillé avec des musiciens qui ont tous fait leur preuve avec Alpha Blondy et Tiken Jah. Sans oublier le Jamaïcain Meta, Georges Kouakou, Moses Doumbia et Apôtchô Strong.


• Es-tu satisfait du résultat ?


- Oui, car j’ai enregistré cet album tout doucement et tranquillement. Sur le plan de l’orchestration et de la technique, nous avons mis le  paquet. Maintenant, c’est aux mélomanes de juger le résultat.


• En général, tu travailles selon tes sensibilités ou en fonction du goût du public ?


- Vous savez, je me suis battu pour avoir la confiance du public. Et c’est pour lui que je travaille. Donc, c’est en fonction de ses goûts que je produis mes albums. Les attentes de ce public, ce sont des messages forts et de belles mélodies. Donc, comprenez que c’est un travail qui nécessite beaucoup de recherches et de réflexion. Mais je suis convaincu par la grâce de Dieu que cela plaira aux mélomanes.


• As-tu pensé au volet international?


- Oui, bien évidemment, comme je le fais dans mes albums. Sur cette œuvre figure le titre ‘’Faut sauver la Libye ‘’. Mais sachez que dans le milieu du show-biz, tout est une question de relations pour ce qui est de la percée au niveau de la scène internationale. Tu peux être bon artiste pour entrer dans un major et tu es combattu par tes collègues. Cette méchanceté gratuite existe bel et bien dans nos rangs. Par contre, je confie tout ce que je fais à Dieu. Car c’est lui qui est au centre de ma vie.


• Ne penses-tu pas que 17 titres c’est un peu trop avec la piraterie qui perdure ?


- Sur le précédent album, il y avait déjà 17 titres. Et les mélomanes me font la confidence que c’est l’un de mes meilleurs albums. Parce que les chansons se valent. Malheureusement, cette œuvre a été fortement piratée. Sinon, les gens continuent de demander les CD. Mais pour la nouvelle production, le plus important c’est qu’elle puisse m’ouvrir des portes pour des spectacles un peu partout.


• Sur ton nouvel album figure le titre ‘’Sankara forever’’. C’est parce que le Président Blaise Compaoré n’est plus au pouvoir ?


- (Il rit aux éclats) Noon, la chanson a été composée bien avant que Blaise Compaoré ne quitte le pouvoir. D’ailleurs, je suis désolé qu’il soit parti. Je me pose la question de savoir si elle suscitera encore le même engouement. Et puis, je ne l’ai pas attaqué dans la chanson. Mon objectif est d’éclairer la lanterne des mélomanes sur certains faits. Feu Thomas Sankara était un visionnaire. Il était pour le panafricanisme. Donc il fallait que je lui dédie une chanson pour lui rendre hommage. Afin que son combat soit relayé par d’autres. Le titre est très attendu au Burkina. Je l’ai déjà joué lors d’un meeting des Sankaristes à Ouagadougou, lorsque Blaise était même au pouvoir. Et dans la salle sous l’émotion, certains anciens ministres du pouvoir Sankara ont même coulé des larmes. C’est pourquoi, mon staff travaille pour que la sortie de l’album se fasse dans le même temps en Côte d’Ivoire et au Burkina.


• Récemment, tu as ramené un trophée du Burkina pour Alpha Blondy ?


- Effectivement. A l’édition 2015 des Marley d’or j’ai reçu un trophée d’honneur. Je succédais à Alpha Blondy qui a été distingué l’année dernière. Comme les organisateurs n’ont pas eu l’occasion de lui donner son trophée, ils me l’ont remis afin que je puisse le faire. Le trophée a passé un mois chez moi. Et quand Blondy est rentré de sa tournée, il l’a reçu.


• La tempête est-elle passée alors entre Blondy et Toi ?


(Il rit) Il n’y a jamais eu de problèmes entre Alpha Blondy et moi.


• Pourtant le milieu des reggaemen est toujours emmaillé par des querelles…


- C’est dommage pour les reggaemen. Alors que, c’est nous qui chantons ‘’peace and love’’. On parle de rastafari, unity, peace…Mais on ne donne pas l’exemple.  Cela me fait mal de voir que les faiseurs de reggae ne sont pas solidaires. Contrairement aux Dj et aux zougloumen qui se soutiennent mutuellement. Et tout ça, parce que dans notre corporation,  il y a trop de philosophes de Hailé Sélassié…


• Tes relations avec Tiken Jah sont-elles désormais au beau fixe ?


- (Il met du temps avant de répondre) Je préfère ne pas répondre à cette question. Parce que je ne veux plus faire de publicité gratuite pour qui que ce soit. Je ne veux même plus aborder ce genre de sujet dans les médias. Je souhaite me focaliser sur ma carrière. (Il ironise)Les gens sont connus mondialement, moi j’ai besoin de me faire connaître. Donc, je ne veux plus contribuer à la promotion de quelqu’un d’autre.


• Quels sont les titres forts dans ta nouvelle œuvre ?


- C’est une œuvre qui est riche et par la grâce de Dieu, elle va plaire aux mélomanes ivoiriens. Il y a les titres comme ‘’Abobo’’, ‘’Pardon’’, ‘’Délit de faciès’’, ‘’Quand on t’envoie’’, ‘’Sankara Forever’’, ‘’Cœur noir’’, ‘’Dioula’’, ‘’Sauver la Libye’’, ‘’Flanga fô’’, ‘’Prends soin de ta vie’’. Bref, ils vont les découvrir sur l’album.


• Es-tu toujours un artiste engagé ?


- Je garde toujours mon engagement quelle que soit la situation. Comme le dit l’adage : ‘’Celui qui aime bien, châtie bien’’. Dans le titre ‘’Mon Président’’ par exemple, j’attire l’attention du Chef de l’Etat sur la cherté de la vie. Certes, il fait déjà un excellent travail avec les infrastructures économiques. Mais je souhaite qu’il fasse un effort pour réduire le coût de la vie.


• Pourquoi ‘’Jam Coco’’ comme le titre de ce nouvel album ?


- ‘’Jam Coco’’ dans l’argot ivoirien signifie ‘’jamais’’. Une manière d’interpeller ceux qui pensent décider de la destinée de leur prochain. Alors que nul ne peut décider de l’avenir de son prochain. Si ce n’est Dieu seul.


• Des concerts sont-ils prévus avec la sortie de cette nouvelle œuvre ?


- Comme je le disais tantôt, il y a trop de méchants dans ce milieu. Quand ils connaissaient tes projets. Ils vont même jusqu’à dire à telle autorité ou un sponsor de ne pas t’aider à le réaliser. C’est pourquoi, pour l’instant, je ne vais pas étaler tout mon planning. Au moment opportun, ces choses se feront au fur et à mesure. 


Par Charly Légende

Source : topvisages.net
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