Gohou Michel : ''Qui n'aime pas les bobarabas ?''
Postée le 28-10-2015 / 857 Vues

• Vous êtes de moins en moins vu sur la scène en Côte d’Ivoire ?


- Effectivement. C’est parce que je voyage beaucoup à l’extérieur dans le cadre de mon travail. Je serai d’ailleurs en France et aux îles Mayotte, au mois de novembre avec Nastou pour une série de spectacles. On me demande de moins en moins maintenant dans mon propre pays. Quand je suis ici, je me repose. Actuellement, je suis au pays avec l’équipe de Gondwana City Productions pour le tournage du spectacle ‘’Le Parlement du rire’’ au Palais de la culture de Treichville. Tout se passe dans un Parlement où les comédiens sont considérés comme des députés et statuent sur des projets de lois. Nous travaillons avec l’équipe de Canal +.


• C’est la structure Gondwana City Productions qui gère dorénavant votre carrière ?


- Tout à fait. J’avais besoin d’un encadrement adéquat. Je ne pouvais pas tout seul maîtriser mon emploi du temps. C’est cette structure de communication qui s’occupe de ma carrière artistique. Je connaissais son directeur, Mamane à Paris. Nous avons de bons rapports. Mais je ne savais pas que Catherine Guérin était le manager de Mamane en Côte d’Ivoire. Je n’ai pas trouvé d’inconvénients qu’elle s’occupe de ma carrière. Et depuis, tout se passe bien entre elle et moi.


• Mais vous avez mis sur pied il y a quelques mois votre propre structure Gohou Productions…


- Dans la vie, il faut progresser. C’est pour cela que j’ai créé “Gohou Productions” qui a son siège à Abobo-té dans la commune d’Abobo. Elle s’occupe aussi de ma carrière. Néanmoins, je travaille en étroite collaboration avec Gondwana City Productions. Après ‘’Le Parlement du rire’’, nous allons tourner un film écrit par Mamane et des gags dénommés ‘’Gohouroscope’’.


• N’y aura-t-il pas d’interférence entre les deux structures ?


- Non, chacun sait ce qu’il a à faire. Avec Gondwana City Productions, ce sont des contrats ponctuels. Alors que Gohou Productions s’occupe de ma carrière en général. Il y a une entente parfaite et il n’y aura pas de problème.


• Qu’est-ce qui vous a poussé à créer Gohou Productions ?


- Il se trouve que j’ai travaillé sur beaucoup de productions pour d’autres structures. Une chose est de travailler pour quelqu’un, mais une autre aussi est de travailler pour soi. Ce n’est pas mauvais de voler de ses propres ailes.


• Quel sera votre champ d’activités au niveau de cette structure ?


- C’est une structure de production audiovisuelle et événementielle. On va s’occuper de tout ce qui est organisation de spectacles, de théâtre, d’humour, de tournages de films, etc. Dans la structure, il y a un directeur artistique et une administratrice. Je suis le directeur général. Je travaille en étroite collaboration avec Bonus Multimédia d’Eliam Florent Niamkey. Nous envisageons de travailler ensemble sur un long-métrage intitulé ‘’Candice’’. Nous avons même commencé à tourner des gags. Il y a aussi l’œuvre discographique ‘’Les Bobarabas de la réconciliation’’.


• Avez-vous déjà des jeunes talents dans votre écurie ?


- Oui, il y a Abass par exemple. Je l’ai découvert depuis les années 80 à Abobo. Je l’ai coaché et aujourd’hui, je suis fier de lui. Dans la structure, il fait partie des artistes-maison. Quand on contacte Gohou Productions, je le propose en premier. A part lui, il y a des jeunes talents à savoir Alain Dala, Commandé, Diomandé… Je leur donne des coups de main. On va bientôt les découvrir. Je vais ouvrir des ateliers de formation pour d’autres qui veulent embrasser le métier. J’ai des collaboratrices comme Clémentine Papouet, Nastou, Amélie Wabéhi…


• Avez-vous des projets avec des structures européennes ?


- Je viens de commencer et pour le moment je n’en suis pas là. Sinon avec Bonus Multimédia, c’est un jumelage en Côte d’Ivoire. D’autres suivront, pourquoi pas ? Mais laissez-nous le temps de dérouler notre chapelet.


• Vous venez de sortir aussi un maxi-single.


- C’est exact et c’est dans l’élan de mon métier d’artiste-comédien. Je ne suis pas un chanteur professionnel. Je rentre en studio de temps en temps pour sortir une œuvre. Mon premier album solo, ‘’Les 13 commandements de Koffi Gombo’’ est sorti en 2005. C’était un peu difficile pour moi de me consacrer à la sortie d’un autre album, parce que j’étais très occupé...  


• Mais après 10 ans vous revenez avec “Les Bobarabas de la réconciliation” ?


- Oui, d’ici quelques jours il sera disponible sur le marché. Mais le clip passe déjà sur Trace TV et d’autres chaînes de la sous-région. Il a été tourné en Zone 4 par la structure de Grand Poucet avec 4 filles et 4 garçons.


• Pourquoi “Les Bobarabas de la réconciliation” ?


- Le titre est frappant et accrocheur. C’est fait exprès. Le bobaraba est l’une des parties du corps de la femme qui attire les hommes. Le postérieur débordant d’une femme ne passe pas inaperçu en ville. Tous les regards des hommes sont tournés vers lui. A travers la chanson ‘’Les Bobarabas de la réconciliation’’, j’appelle tous les Africains à la réconciliation, à la paix, au respect de l’autre et à la bonne cohabitation. Et si c’est par les bobarabas qu’on doit arriver à la réconciliation, j’invite tous les Africains à regarder dans la même direction. Et dans la direction des Bobarabas de la réconciliation.


• Quels sont les projets de Gohou Productions ?


- La structure a commencé à tourner une série de 104 gags et s’apprête à tourner une série de 104 épisodes d’un feuilleton dont le titre est ‘’Candice’’. Le casting est terminé et le tournage va commencer très bientôt. A côté des téléfilms, je vais sortir un livre autobiographique intitulé ‘’Ma vie à moi’’.


• Qu’est-ce qui vous motive à vouloir sortir un livre ?


- (Il rit) Si je ne suis plus de ce monde un jour, il faut que les générations qui suivront sachent qui j’étais. Ce n’est pas à travers les films qu’on saura d’où je viens. Et comment je suis arrivé à un tel niveau. Je veux retracer ce parcours-là. C’est pour cela que j’ai décidé d’écrire un livre-autobiographique. Les enfants qui iront dans une bibliothèque pourront tout savoir sur ma vie.


• Le livre ne cache rien de votre vie?


- Il n’occulte rien. Je parle de mon adolescence à Gagnoa jusqu’aujourd’hui. Il y a également les soubresauts, les chutes et les déboires que j’ai vécus dans ma vie.


• Citez-nous quelques soubresauts…


- Je parle de mon passage au Burkina-Faso en 1988 où j’étais allé me soigner. J’ai failli être paralysé des membres inférieurs. Je n’arrivais pas à marcher et je rampais pratiquement pour me déplacer. C’est un épisode douloureux de ma vie assez qu’on va retrouver dans mon livre. Après ma guérison, je n’ai pas pu retrouver le chemin de l’école, faute de moyens. J’étais obligé de faire de petits métiers pour m’en sortir.


• Il y a aussi des moments de joie?


- Bien sûr. Dans le livre, je parle de mon premier voyage en avion en 1998 lorsque je partais en France avec les Guignols d’Abidjan. Ensuite de mes autres voyages aux USA, au Canada et dans les pays européens. Le fait de rencontrer des personnalités est un moment inoubliable que je raconte. Je me suis fait aussi des amis comme Stomy Bugsy, le rappeur La Fouine. Il y a aussi mon mariage avec mon épouse Alina en 2010. Et la naissance de mes 6 enfants (3 garçons et 3 filles) est également un bonheur que je retrace dans le livre.


• Quel est le voyage hors de la Côte d’Ivoire qui vous a le plus marqué jusqu’à présent ?


- Il y a mon voyage à Edmonton au Canada en mars 2015. Je pensais que c’était un endroit perdu. Mais quand je suis arrivé là-bas, l’accueil a dépassé mon entendement. Il y a également mon voyage à Mayotte (territoire français d’Outre-mer). L’accueil était digne d’un Président. C’était vraiment extraordinaire. Je ne pensais pas qu’on m’aimait si loin de mon pays. 


• Songez-vous à faire des duos avec d’autres humoristes ou comédiens africains ?


- Je souhaite faire des duos avec tous les humoristes qui sont en Afrique comme en Europe. Le Gabonais Omar de Fossou, le Malien ATT, les Burkinabè Souké et Siriki, le Tchadien l’As de pique, les Togolais Gbadamassi et Gogoligo, L’Ivoirien Patson… Ce sont entre autres des humoristes que je respecte.


• Dites, pourquoi, on ne trouve pas de femmes humoristes en Afrique ?


- Vous savez, ce n’est pas facile de faire rire des gens. Ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a peut-être des filles qui font de l’humour, mais qui ne se font pas voir. Mais il y a les Ivoiriennes Tatiana Rojo Shirley Souagnon et Claudia Tagbo qui font la fierté de l’humour africain en Europe. 00


• Avez-vous le temps de vous occuper de votre famille avec tout ce que vous faites ?


- Bien sûr ! Quand je ne suis pas en tournée pour des spectacles ou sur un plateau de tournage de films, je suis avec ma famille à la maison. Je me balade avec mes enfants. Les dimanches, on se raconte des blagues à la maison. Je vais aussi souvent dans des endroits soft avec ma femme pour échanger tranquillement en amoureux.


• Et si un de vos enfants souhaitait devenir comédien comme vous ?


- Je ne vais pas l’en empêcher. Je n’aime pas imposé certaines choses à mes enfants. Le talent se découvre tout seul. Il arrive que mes enfants improvisent des scènes à la maison. Ma femme et moi, on les regarde. S’il y a un qui sort du lot, je vais l’encadrer.


• Votre femme fait-elle des remarques ou des suggestions par rapport à vos spectacles ou vos films ?


- Tout à fait. Je lui soumets d’ailleurs mes scénarii avant de passer à la phase pratique. Elle apporte même des propositions qui sont pertinentes parfois. 


• Qu’est-ce qui vous manque aujourd’hui ?


- C’est une fondation et une école qui me manquent. Une fondation qui va s’occuper du social et une école pour former des jeunes talents dans tous les domaines. Si j’ai pu réaliser cela, je serai l’homme le plus heureux.


 

Source : topvisages.net
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