Construction en Côte d'Ivoire : ces failles qui fragilisent nos immeubles
Postée le 08-05-2025 / 7 Vues

Alors que les chantiers se multiplient en Côte d’Ivoire, les effondrements d’immeubles interpellent. Entre matériaux non conformes, contrôles défaillants et pratiques frauduleuses, l’insécurité s’installe. Enquête sur les failles invisibles qui compromettent la solidité de nos constructions.

En Côte d’Ivoire, l’essor immobilier n’échappe à personne. Mais derrière les façades flamboyantes et les projets de plus en plus ambitieux, un mal persistant mine la solidité de nombreuses constructions. Des failles systémiques, souvent ignorées ou minimisées, fragilisent les immeubles et exposent les populations à des drames évitables.

Des chantiers en plein essor, mais à quel prix ?

La Côte d’Ivoire vit une véritable fièvre de la construction. À Abidjan comme dans d’autres grandes villes du pays, les grues transpercent le ciel, les pelleteuses s’activent, et les immeubles poussent comme des champignons. Cette dynamique est portée par une demande de logements en constante augmentation, elle-même alimentée par une croissance démographique soutenue. En 2023, la population ivoirienne a progressé de 2,5 % par rapport à l’année précédente, et selon les projections de Statista, elle devrait franchir le cap des 35 millions d’habitants à l’horizon 2028.

Face à cette pression, le secteur immobilier se mobilise pour répondre au déficit structurel en logements. Estimé, selon la Banque Mondiale, à environ 500 000 unités, ce manque se creuse chaque année de 40 à 50 000 nouveaux besoins non satisfaits. C’est donc dans un contexte d’urgence que les chantiers se multiplient, portés par des promoteurs ambitieux, des investisseurs locaux et internationaux, et des politiques d’urbanisation parfois accélérées.

Mais derrière cette croissance effervescente, des failles préoccupantes apparaissent. Trop souvent, l’actualité fait état d’immeubles effondrés, parfois même avant leur livraison. En 2020, selon les chiffres officiels, au moins onze immeubles se sont écroulés.

Des drames qui provoquent des pertes humaines et remettent en cause la solidité de toute une filière. À chaque effondrement, les mêmes interrogations ressurgissent : qu’est-ce qui ne va pas dans la chaîne de construction ? Qui contrôle quoi ? Et surtout, comment éviter que cela ne se reproduise ?

Des normes contournées et des matériaux douteux

« Parmi les causes les plus fréquemment évoquées, la qualité des matériaux utilisés occupe une place centrale », analyse un acteur du secteur du BTP à Abidjan. Dans le domaine du gros œuvre, le fer à béton, élément fondamental de la structure des bâtiments, fait l’objet d’une attention particulière.

En août 2024, une mission de contrôle dans la zone industrielle de Yopougon a révélé que 7 entreprises sur 12 ne disposaient ni de certificats de conformité ni d’attestation délivrée par CODINORM, l’organisme chargé de la normalisation en Côte d’Ivoire. Sur 30 grossistes en matériaux, seuls deux vendent des fers à béton respectant les normes en vigueur, affirmait un responsable d'un collectif de victimes. « Cela signifie qu’une partie non négligeable du fer à béton mis sur le marché échappe à tout contrôle rigoureux », poursuit l'acteur du secteur des BTP.

La fraude ne s’arrête pas à l’absence de documents. Des pratiques de contrefaçon ont été observées sur le terrain. Certaines barres de fer sont intentionnellement trafiquées pour masquer leur diamètre réel.

« Par exemple, du fer de 5,5 mm est transformé pour ressembler à du 6 mm, faussant ainsi la capacité réelle de charge que la structure peut supporter », expliquait en août 2021 Issiaka Diaby, le defunt président du Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI). Ce type de manipulation met en péril l’intégrité des constructions dès les premières étapes du chantier. Lire la suite sur https://www.linfodrome.com/societe/109131-construction-en-cote-d-ivoire-ces-failles-qui-fragilisent-nos-immeubles

 

Source : LINFODROME
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