Cette fois, c’en est trop. Et Vieux Dosso veut interpeller l’opinion publique, suite au décès de son amie (dans la vraie vie) Ange Keffa. Tout comme lui, le monde du cinéma et celui des arts en général a été cueilli à froid dans la nuit du lundi 15 avril, par le décès de l’actrice-comédienne. Elle campait le rôle de la première épouse de Vieux Dosso dans Ma Famille.

Rongée par un mal pernicieux qui l’avait un temps éloignée de la scène, le retour d’Ange Keffa, fin mars, avec une pièce mise en scène par Vieux Dosso (et qui les mettait en vedette), permettait d’espérer. «Mais le dernier mot appartient toujours à Dieu. Il faut lui rendre hommage, vu tout ce qu’elle a fait de bien pour la culture ivoirienne», déclare-t-il à A bidjanshow.com, mardi 16 avril.

L’acteur profite de l’occasion pour pousser un coup de gueule : «Je veux vraiment insister. C’est méchant que des acteurs (ceux de Ma Famille : ndlr) qui ont égayé la nation ivoirienne, l’Afrique même, en portant haut le nom de notre pays au moment où il traversait des moments difficiles en raison de la crise de l’époque meurent comme ça, dans l’indifférence générale.»

En réponse à la question sur l’élan de solidarité pourtant manifesté par des âmes généreuses, il rétorque : «Attends, ce n’est pas quand la personne ne peut plus se relever qu’il faut intervenir ! Il ne faut pas laisser les gens souffrir, que la maladie atteigne un certain niveau, jusqu’à ce qu’elle aille lancer des SOS. Alors que tout le monde savait qu’elle était malade. L’Africain aime faire des dons devant les caméras, les appareils photos, sur Facebook, etc. C’est blessant, humiliant. On aime humilier les gens pour les accompagner dans la tombe. Ce n’est pas du soutien. Dès que tu apprends qu’untel est mal en point, il est bon que la générosité qui caractérise l’Africain s’exprime. Des gens ont des milliards dans ce pays ! (…)», dit l’acteur qui souhaite plus de solidarité de la part du public ivoirien, voire d’ailleurs.

La République n’oublie pas ses enfants…

En raison des nombreuses difficultés vécues dans le milieu, l’État ivoirien sous l’ère Ouattara a décidé de voler au secours des professionnels des arts. En mettant en place un projet d’assistance opérationnel depuis avril 2018. Des artistes seniors, notamment les icônes, bénéficient d’une rémunération mensuelle de 300 000 FCFA. Aussi, les cas graves de maladie qui parviennent à la présidence de la République sont pris en charge. Par exemple, l’artiste-conteuse Amoin Koffi a eu, en 2016, une aide mensuelle de 100 000 FCFA de l’Etat, lorsqu’elle était malade. Ainsi qu’une aide spontanée de la Première dame, Dominique Ouattara, à hauteur de 3 millions FCFA au nom de la Fondation Children Of Africa pour son opération des yeux.

Au-delà des assistances, pour les court et long termes, le ministère de la Culture et de la Francophonie œuvre à mettre en place une stratégie de développement de l’industrie culturelle. L’un des objectifs est de permettre aux artistes ivoiriens de sortir de la précarité, de la dépendance et d’avoir droit, entre autres, à des pensions ou indemnités même après le retrait de la scène. Un bien vaste chantier que la Ministre Françoise Remarck entend mener à terme.

François Yéo

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