La Nouvelle chaine de ivoirienne (NCI) est l'une des quatre télévisions privées autorisées à exercer en Côte d'Ivoire après l'ouverture de l'espace télévisuel dans le pays. En prélude au lancement de ses activités, la directrice marketing et commerciale de cette chaîne généraliste s'ouvre à l'AIP dans une interview. TNT, contenu, concurrence… autant de sujets qu'elle aborde dans cet entretien.
NC I est une des chaînes de la prochaine TNT ivoirienne, qu’est-ce qui la caractérise ?
NCI est une chaîne généraliste 100% ivoirienne. Nous avons procédé à des investissements importants pour élaborer une chaîne de qualité qui proposera, dans les mois qui viennent, tous les genres de programmes.
Les studios TV en cours de construction et les équipes que nous commençons à recruter nous permettront d’offrir des programmes produits en Côte d’Ivoire, en phase avec les attentes d’un public ivoirien de plus en plus exigeant.
A qui plus précisément vous adresserez vous ?
NCI s’adressera à une population large, aussi bien masculine que féminine et plutôt jeune. Notre ambition est de faire une chaîne qui propose des émissions à la fois divertissantes et enrichissantes et qui traite de façon moderne et innovante tous les sujets qui intéressent les ivoiriens dans tous les domaines (politique, économique, artistique, lifestyle, musique, cinéma, sport …). Nous souhaitons que tous les ivoiriens s’identifient à cette chaîne qui s’adresse à eux.
Le lancement officiel de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) a eu lieu le vendredi 8 février, pourtant les téléspectateurs ivoiriens n’ont pas encore accès aux nouvelles chaînes de la TNT, à quoi cela est-il dû?
Tout d’abord nous saluons les efforts du gouvernement ivoirien, qui ont permis l’installation d’un centre émetteur de la TNT à Abobo. Il faut noter que le gouvernement a fait le choix judicieux d’opter pour une qualité haute définition aux standards internationaux. C’est un pas majeur dans la mise en place de l’infrastructure technique de la TNT, sans laquelle rien n’est possible.
Cependant, il faut bien comprendre que la TNT ne sera une réalité que lorsqu’une majorité de foyers ivoiriens sera équipée soit d’un nouveau téléviseur TNT, soit d’un décodeur TNT, pour ceux qui souhaitent utiliser leur téléviseur actuel. Pour répondre à votre question, c’est à ce moment-là seulement que les téléspectateurs pourront voir les programmes des nouvelles chaînes de la TNT.
Comment peut-on arriver à ce qu’une majorité des foyers ivoiriens dispose d’un décodeur ?
Pour atteindre cet objectif, il nous semble important que les décodeurs TNT soient proposés par les commerçants à des prix accessibles. A titre de comparaison le prix du décodeur TNT au Sénégal et au Burkina Faso se situe autour de 12 000 FCFA. Il ne faut donc pas comparer le prix d’un décodeur TNT donnant un accès gratuit et illimité dans le temps, à celui d’un décodeur de Canal ou de Startimes, certes inférieur, mais qui oblige le téléspectateur au paiement d’un abonnement mensuel allant de
4 500 FCFA à 40 000 FCFA par mois. Pour faire court, avec la TNT on paye une fois le prix du décodeur, puis ensuite il n’y a plus rien à payer pour avoir accès aux 7 chaînes gratuites. Cependant concernant ce volet, le gouvernement pourrait imposer un prix maximum de revente de ces décodeurs.
Nous précisons que ce ne sont pas les chaînes de la TNT qui s’occupent de la commercialisation ou de la fixation du prix des décodeurs TNT, mais plutôt aux commerçants qui importent librement les décodeurs et qui les revendent au grand public. Les chaînes de la TNT sont des chaînes gratuites dont les seuls revenus sont issus de la publicité faite par les annonceurs.
Au-delà du facteur primordial qu’est le prix du décodeur, il faut lancer en urgence la fabrication et l’importation des décodeurs TNT afin que ceux-ci soient au plus vite mis en vente sur le marché ivoirien.
Dès lors que ces décodeurs seront disponibles en Côte d’Ivoire, il faudra comme l’a prévu la société étatique de diffusion (SIDT), procéder à une campagne massive de promotion informant les téléspectateurs de la disponibilité d’une offre complète de 7 chaines TNT ; en effet les téléspectateurs ne seront pleinement satisfaits que si les 7 chaines sont disponibles lors de l’acquisition du décodeur. Il faut éviter l’effet de déception que pourrait entrainer une offre sans toutes les chaines.
Cela implique donc que les 7 chaines de la TNT soient prêtes à diffuser leurs programmes au moment de la campagne de communication, idéalement au mois de Septembre 2019.
C’est avec une telle mobilisation, et une coordination pour créer un véritable événement autour du lancement des 7 chaines de la TNT, que l’on pourra véritablement réussir le passage de l’analogique à la TNT.
Nous nous associerons bien sûr à toute initiative des pouvoirs publics qui ira dans ce sens.
Une étude de décembre 2018 de ADWEKNOW avec l’institut IPSOS montre que 65% des agences et annonceurs ivoiriens envisagent d’utiliser les chaînes de la TNT dès 2019. Quelle est votre propre vision sur l’évolution du marché publicitaire ?
Nos premiers contacts avec les annonceurs sont très encourageants. On sent parfaitement le besoin des annonceurs de saisir l’opportunité des chaînes de la TNT pour leur communication, ce qui leur permettra de toucher toutes les classes sociales de la population. Demain, à travers la TNT, tous les foyers pourront accéder à une offre de qualité, sans avoir à payer tous les mois un abonnement satellite, qui reste encore réservé aux couches les plus aisées de la population. C’est ce à quoi nous avons assisté dans les autres pays et la raison pour laquelle nous croyons fortement au succès commercial de la TNT en Côte d’Ivoire, qui devrait se manifester par un accroissement majeur des investissements publicitaires.
Néanmoins, le niveau et la rapidité de la hausse du marché publicitaire restent liés au taux de pénétration des décodeurs, alors que les investissements auxquels nous avons procédé pour créer notre chaîne et les charges que nous devrons supporter sont très lourds. Ainsi, les nouvelles chaînes de télévision de la TNT pourront exister durablement et créer des emplois, si elles sont soutenues par les pouvoirs publics lors de ce passage de l’analogique à la TNT, notamment en ce qui concerne le montant des frais de diffusion et le financement de l’audiovisuel.
Vos concurrents privés sont adossés à des multinationales puissantes comme le groupe Canal+ pour A+ Ivoire, ou le groupe M6 pour Life TV. Est-ce pour vous un handicap de ne pas être dans cette situation ?
Nous ne faisons pas partie d’une multinationale mais ce n’est pas un handicap pour autant. Nous sommes une équipe indépendante de jeunes ivoiriens, professionnels des médias, qui travaille dans un esprit de start-up.
Nous pensons que cette indépendance est une force. Elle nous confère une plus grande souplesse car notre circuit de décision est court. De la même manière, nous avons une très bonne expérience des médias et la connaissance du terrain grâce à Radio Nostalgie, la première radio en Côte d’Ivoire, qui produit déjà du contenu généraliste destiné aux ivoiriens et qui couvre aujourd’hui tout le pays en FM.
Notre ambition est de constituer un groupe indépendant de médias nationaux, spécialisé dans la production de contenus qui parlent aux ivoiriens.