Affaire ''Ahoco'' : Antoinette Konan-Allany, voici la vérité
Postée le 27-01-2014 / 5831 Vues

Depuis quelque temps, un conflit oppose les chanteuses Antoinette Allany et Antoinette Konan. A l’origine de cette querelle, la paternitĂ© (Oh pardon, la maternitĂ©) de l’introduction de ‘’l’ahoco’’ dans la musique moderne en CĂŽte d’Ivoire.


Tout est parti des propos d’Allany, qui affirmait qu’elle a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  faire connaĂźtre cet instrument de musique appelĂ© ‘’ahoco’’, dans les annĂ©es 80, Ă  la tĂ©lĂ©vision nationale, Ă  travers l’émission 1Ăšre Chance, alors animĂ©e par feu RFK (Roger Fulgence Kassy)». Une affirmation qu’Antoinette Konan a contestĂ©e et accueillie comme une dĂ©claration de guerre. Elle a d’ailleurs rĂ©agi vivement dans les colonnes de Top Visages la semaine derniĂšre en disant : «Les provocations d’Allany, ça finit par m’agacer (
) La prochaine fois qu’elle m’attaquera, elle me trouvera sur son chemin (
) Elle (Allany : ndlr) veut toujours se comparer Ă  moi. Mais ce n’est p as ma faute si elle n’y arrive pas.»


Devant une telle querelle, la question que tout le monde se pose aujourd’hui est la suivante : qui des deux femmes a raison ? Ce qu’on peut dire d’emblĂ©e, c’est qu’en fait, il n’y a pas de dĂ©bat sur le sujet de l’introduction de cet instrument traditionnel dans la musique moderne ivoirienne. Car quand, au dĂ©but des annĂ©es 80, Antoinette Konan passait Ă  la tĂ©lĂ© avec l’ahoco, Antoinette Allany n’était pas encore connue du public. Et ceux qui suivaient sur les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision les dĂźner-galas offerts par le prĂ©sident FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny Ă  ses hĂŽtes ont encore en mĂ©moire une image restĂ©e historique. C’est l’image d’Antoinette Konan, alors jeune chanteuse, quittant la scĂšne pour aller vers le prĂ©sident Thomas Sankara Ă  qui elle prĂ©senta son instrument de musique (l’ahoco). Sankara est mort le 17 octobre 1987. Allany quant Ă  elle, n’avait pas encore rĂ©alisĂ© son premier album. Il faut attendre le milieu des annĂ©es 90 pour la voir publier sa premiĂšre Ɠuvre discographique. Un album qui a connu un franc succĂšs permettant ainsi Ă  la chanteuse de se faire une place sur l’échiquier national.


Sur la question de l’ahoco, tous les musiciens que nous avons rencontrĂ©s sont unanimes : y a pas dĂ©bat. Diabo Steck, musicien et membre de la commission d’identification des Ɠuvres musicales Ă  la RTI : «J’ai dĂ©couvert Antoinette Konan et Allany dans l’orchestre Musicaria de Boncana MaĂŻga depuis 1981. Ensuite, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  l’ORTI avec les Chantal TaĂŻba. A ce moment-lĂ  dĂ©jĂ , Antoinette Konan pratiquait son Ahoco devant nous. Elle a sorti, en 1984, sa toute premiĂšre cassette «Djouman» arrangĂ©e par Jimmy Hyacinthe. C’est lĂ  qu’on a entendu les notes de l’Ahoco dans une chanson enregistrĂ©e. Elle a mĂȘme continuĂ© de jouer l’ahoco dans ses diffĂ©rentes Ɠuvres musicales qui ont suivi. Il y a eu “Mahouze”, “Petit quinqiun”, “Abidjan Adja”, “Kokotani”», rĂ©vĂšle-t-il, avant d’ajouter : «Je sais qu’Allany aussi s’essayait Ă  ça, mais elle ne peut pas dire qu’elle a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  le faire connaĂźtre.» 


Par ailleurs, Paul Dagri, musicologue, professeur de musique Ă  l’Insaac (Institut national supĂ©rieur des arts et de l’action culturelle) qui a vu passer Antoinette Konan Ă  l’école de musique tĂ©moigne : «J’ai Ă©tĂ© enseignant d’Antoinette Konan. Avec les autres collĂšgues Kanga Kouakou, AdĂ©po Yapo, Isidore Yao Yao, nous l’avons encouragĂ©e Ă  jouer de l’Ahoco. Puisqu’elle s’y intĂ©ressait. AprĂšs ses Ă©tudes, nous l’avons vue Ă©voluer avec son instrument dans l’orchestre de la RTI. C’est elle qui a introduit l’ahoco dans la musique de variĂ©tĂ© en CĂŽte d’Ivoire. Un peu plus tard, quand j’étais directeur de l’école nationale de musique de l’Insaac, j’ai fait appel Ă  Antoinette Konan afin qu’elle vienne donner des cours d’ahoco Ă  nos Ă©tudiants. Voyez-vous, elle ne s’est pas arrĂȘtĂ©e Ă  jouer de cet instrument, elle enseignait Ă©galement son art», dit-il. 


Voilà qui met fin à un débat inutile.



Par Inzah D. & RJ


 

Source : Top Visages
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