Depuis quelque temps, un conflit oppose les chanteuses Antoinette Allany et Antoinette Konan. A lâorigine de cette querelle, la paternitĂ© (Oh pardon, la maternitĂ©) de lâintroduction de ââlâahocoââ dans la musique moderne en CĂŽte dâIvoire.
Tout est parti des propos dâAllany, qui affirmait quâelle a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă faire connaĂźtre cet instrument de musique appelĂ© ââahocoââ, dans les annĂ©es 80, Ă la tĂ©lĂ©vision nationale, Ă travers lâĂ©mission 1Ăšre Chance, alors animĂ©e par feu RFK (Roger Fulgence Kassy)». Une affirmation quâAntoinette Konan a contestĂ©e et accueillie comme une dĂ©claration de guerre. Elle a dâailleurs rĂ©agi vivement dans les colonnes de Top Visages la semaine derniĂšre en disant : «Les provocations dâAllany, ça finit par mâagacer (âŠ) La prochaine fois quâelle mâattaquera, elle me trouvera sur son chemin (âŠ) Elle (Allany : ndlr) veut toujours se comparer Ă moi. Mais ce nâest p as ma faute si elle nây arrive pas.»
Devant une telle querelle, la question que tout le monde se pose aujourdâhui est la suivante : qui des deux femmes a raison ? Ce quâon peut dire dâemblĂ©e, câest quâen fait, il nây a pas de dĂ©bat sur le sujet de lâintroduction de cet instrument traditionnel dans la musique moderne ivoirienne. Car quand, au dĂ©but des annĂ©es 80, Antoinette Konan passait Ă la tĂ©lĂ© avec lâahoco, Antoinette Allany nâĂ©tait pas encore connue du public. Et ceux qui suivaient sur les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision les dĂźner-galas offerts par le prĂ©sident FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny Ă ses hĂŽtes ont encore en mĂ©moire une image restĂ©e historique. Câest lâimage dâAntoinette Konan, alors jeune chanteuse, quittant la scĂšne pour aller vers le prĂ©sident Thomas Sankara Ă qui elle prĂ©senta son instrument de musique (lâahoco). Sankara est mort le 17 octobre 1987. Allany quant Ă elle, nâavait pas encore rĂ©alisĂ© son premier album. Il faut attendre le milieu des annĂ©es 90 pour la voir publier sa premiĂšre Ćuvre discographique. Un album qui a connu un franc succĂšs permettant ainsi Ă la chanteuse de se faire une place sur lâĂ©chiquier national.
Sur la question de lâahoco, tous les musiciens que nous avons rencontrĂ©s sont unanimes : y a pas dĂ©bat. Diabo Steck, musicien et membre de la commission dâidentification des Ćuvres musicales Ă la RTI : «Jâai dĂ©couvert Antoinette Konan et Allany dans lâorchestre Musicaria de Boncana MaĂŻga depuis 1981. Ensuite, nous nous sommes retrouvĂ©s Ă lâORTI avec les Chantal TaĂŻba. A ce moment-lĂ dĂ©jĂ , Antoinette Konan pratiquait son Ahoco devant nous. Elle a sorti, en 1984, sa toute premiĂšre cassette «Djouman» arrangĂ©e par Jimmy Hyacinthe. Câest lĂ quâon a entendu les notes de lâAhoco dans une chanson enregistrĂ©e. Elle a mĂȘme continuĂ© de jouer lâahoco dans ses diffĂ©rentes Ćuvres musicales qui ont suivi. Il y a eu âMahouzeâ, âPetit quinqiunâ, âAbidjan Adjaâ, âKokotaniâ», rĂ©vĂšle-t-il, avant dâajouter : «Je sais quâAllany aussi sâessayait à ça, mais elle ne peut pas dire quâelle a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă le faire connaĂźtre.»Â
Par ailleurs, Paul Dagri, musicologue, professeur de musique Ă lâInsaac (Institut national supĂ©rieur des arts et de lâaction culturelle) qui a vu passer Antoinette Konan Ă lâĂ©cole de musique tĂ©moigne : «Jâai Ă©tĂ© enseignant dâAntoinette Konan. Avec les autres collĂšgues Kanga Kouakou, AdĂ©po Yapo, Isidore Yao Yao, nous lâavons encouragĂ©e Ă jouer de lâAhoco. Puisquâelle sây intĂ©ressait. AprĂšs ses Ă©tudes, nous lâavons vue Ă©voluer avec son instrument dans lâorchestre de la RTI. Câest elle qui a introduit lâahoco dans la musique de variĂ©tĂ© en CĂŽte dâIvoire. Un peu plus tard, quand jâĂ©tais directeur de lâĂ©cole nationale de musique de lâInsaac, jâai fait appel Ă Antoinette Konan afin quâelle vienne donner des cours dâahoco Ă nos Ă©tudiants. Voyez-vous, elle ne sâest pas arrĂȘtĂ©e Ă jouer de cet instrument, elle enseignait Ă©galement son art», dit-il.Â
Voilà qui met fin à un débat inutile.
Par Inzah D. & RJ
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