La carrière de Ramses De Kimon a débuté en 1981 au sein de l’orchestre de l’Université d’Abidjan (O.U.A). Grâce à ce groupe, il a sorti trois albums avec des titres célèbres comme ‘’Uprising ‘’, ‘’Oppression’’, ‘’System ‘’. De véritables tubes. En 1993, il entame une  carrière solo avec l’album Remake the World enregistré à Londres. C’est également un autre succès pour le reggaeman  avec les titres‘’Dji Dji Nandjui‘’ et ‘’Vérités’’. En 1995, le chanteur tente une aventure en occident. Sa destination, les Etats-Unis d’Amérique. «J’ai connu le succès médiatique en Côte d’Ivoire. Or, il me fallait le volet finance pour faire exploser ma carrière internationale. Donc, je ne voulais plus d’une auto-production.  Car mon premier album, je l’ai financé grâce à l’argent emprunté au BURIDA. J’ai cherché des fonds pendant des années, en vain. Seul Constant Anago nou m’a remis  la cassette du chanteur Sting me disant d’essayer de faire comme ce dernier. Car, il avait des associés en France qui pourraient m’aider à lancer ma carrière. Malheureusement, il ne m’a  plus donné de suite», raconte Ramses. Avant de poursuivre : « De 1990 à 1995, j’ai couru  en vain derrière des producteurs. Comme la célébrité et le mythe s’entretiennent, je suis parti aux Etats-Unis, pour terminer en même temps mes études et gagner ma vie. Dans les débuts de mon aventure, c’était dur pour moi, mais j’ai pris courage dans la prière, avec le soutien de mon épouse Collette. Les choses se sont améliorées. J’ai fait ce choix parce que je ne voulais pas cette fin de carrière misérable de certains artistes. Les gens veulent te voir dans la galère, marcher sous le soleil, te traiter de tous les noms et se moquer de toi sur ton lit d’hôpital».  A la faveur du MASA 2014, Ramses de Kimon est rentré au bercail pour renouer avec le public ivoirien.Â
• Quoi de neuf le Pharaon ?
- Je reviens pour poursuivre ce que j’avais entamé. On a rêvé de faire des carrières extraordinaires. Bien sûr que ce n’est pas fini ! J’ai encore l’énergie et l’inspiration nécessaires. Je vais relancer mes deux albums plus un best of avec l’orchestre de l’université d’Abidjan (O.U.A), l’album ‘’Remake the world’’, et le dernier intitulé ‘’ Le Peuple’’.
• Redoutes-tu ton retour sur la scène musicale ?
- C’est tout à fait naturel. Moi aussi je me pose la même question. Mais je ferai tout pour être à la hauteur des attentes du public. Les Ivoiriens savent que je leur ai toujours proposé de la bonne musique. Donc, il y a cette confiance entre nous. C’est vrai que d’autres genres musicaux sont apparus. Mais j’ai de l’espoir parce qu’il y a un public pour chaque musique. Malgré toutes ces années, les gens  continuent de fredonner ‘’ Dji Dji Nandjui’’,’’ Vérités’’, ‘’Up Risin ‘’. C’est un réel plaisir pour moi car ce n’est pas donné à tout le monde. C’est une preuve que j’ai laissé de bonnes traces.
• Est-ce un retour définitif au plan musical ?
- Oui, c’est un retour à fond au plan musical. Mon staff travaille pour que dans la période  de l’été  2014, Ramses De Kimon se produise un peu partout. Vraiment je promets un véritable matraquage médiatique autour des évènements qui seront organisés.
• Pourquoi toutes ces années de silence ?
- Je devais mettre au point certaines situations personnelles. Entre autres mes études et ma famille. Maintenant que toutes ces choses sont réglées, je suis disponible à 100% pour booster ma carrière. Je dis merci aux mélomanes qui m’ont gardé dans leur cœur malgré toutes ces années d’absence.
• La musique était donc réleguée au second plan à un moment donné ?
- Oui,  il fallait faire le choix entre la musique et le boulot. Parce que vous ne pouvez pas être à cheval sur les deux. Donc, j’ai décidé de me battre pour assurer ma situation sociale, avant de relancer ma carrière musicale. Grâce à Dieu, j’ai réussi ce pari. Maintenant, je peux penser à faire la musique.
• Quelle est ta situation administrative et  matrimoniale  aux USA?
- J’ai eu mes papiers légalement,  grâce à mon travail. Et par la suite,  je me suis marié à une Ivoirienne du nom de Collette.  Nous avons deux enfants. (Rire) C’était ma compagne depuis Abidjan.
• Que fais-tu comme boulot aux Etats-Unis ?
- Je travaille pour moi-même. J’ai fait un Master en informatique spécialisé dans la gestion des stocks. Certaines entreprises me sollicitent comme consultant. Et d’autres pour mes prestations selon la durée du contrat.
• Quelles sont les expériences de la scène là -bas ?
- J’ai joué dans le Colorado, tourné sur plusieurs scènes, avec pas mal de grands groupes dans la région de Denver. En Californie, j’ai presté à de nombreuses occasions. A New York, à la mythique salle  SOB, je me suis produit en solo en présence des icônes, comme I Jah Man, Steel Pulse, Culture, Burning Spear, Sister Carol, Luciano. Et comme j’ai pour objectif de me faire des ouvertures au plan international, j’étais présent à la plupart des festivals et ça a donné un autre élan à ma carrière.  Certes, on n’est pas satisfait mais on continue la lutte. A présent, je suis entre la Jamaïque et les USA, pour finaliser les enregistrements audio et vidéo de mon nouvel album.  Je prépare aussi un documentaire et un livre sur la vie de Ramses De Kimon. C’est un projet piloté par Kanaté Daouda professeur à l’université de Geneva à New York.
• Le reggae ivoirien existe-t-il en  Amérique ?
- J’ai assisté à un des concerts d’Alpha Blondy à Washington. Tiken Jah, on ne se connaît pas et je ne l’ai jamais rencontré. En Amérique, ce n’est pas du tout facile. C’est pourquoi, on ne doit pas baisser les bras. Il faut de gros moyens et être soutenu par un label. Dans ma stratégie d’artiste indépendant, je compte faire des collaborations avec des artistes de renom pour me placer. Les négociations sont très avancées avec Benny Man, Sizzla et d’autres noms que les mélomanes découvriront sur mon nouvel album. L’avantage des Jamaïcains et des Mexicains, en plus des moyens dont ils disposent, il y a leurs communautés qui les soutiennent à tous les évènements. Les Jamaïcains ne font pas la promotion des africains, quel que soit leur talent. C’est une réalité qu’on vit au quotidien. Autre chose, si tu as 100 Mille Dollars (50 millions), tu auras une petite renommée. Si tu as le double ou beaucoup d’argent, ta cote va monter. C’est comme ça que le show business  fonctionne aux USA. Le talent seul ne suffit pas. Tous les featurings se payent, rien n’est gratuit.
• Disposes-tu des moyens suffisants pour percer ?
- (Il éclate de rire). C’est Dieu seul qui sait de combien je dispose, pour y arriver. Ce qui est sûr, on se maintient, les gens verront le résultat de notre travail. Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on doit abandonner le combat. Le succès peut frapper à tout moment à ta porte.
• Les chanteurs Jess Sah Bi et Peter One sont aussi aux USA. As-tu de leurs nouvelles ?
- Il y a un moment, j’ai fait la même scène avec Sery Simplice, Peter One et Jess Sah Bi. Peter est d’ailleurs le Président de l’association des artistes ivoiriens vivant aux Etats-Unis.  Mais souvent, ce n’est pas aisé de se rencontrer, d’autant plus que chacun de nous habite dans des états éloignés. Quant à Diago Strong, Sowéto Soleil, ils sont à New York.Â
• Quel est ton regard sur le reggae ivoirien aujourd’hui ?
- Le reggae ivoirien est resté stationnaire pendant des années. Pour ce que j’ai vu, cette musique a été abandonnée pendant la longue crise. C’est ce qui a laissé la porte ouverte au couper-décaler et le zouglou est aussi revenu. Les reggaemen ont un peu relâché le mouvement. Peut-être que les sponsors ne répondaient plus ou il n’y avait plus de salle pour se produire. Vraiment, je ne sais pas les autres raisons. Il y a des lueurs d’espoir, car j’apprends l’annonce de certains festivals reggae et l’existence de plusieurs espaces de spectacles. Je déplore cependant l’invitation des stars Jamaïcai-nes, avec une grosse promotion, au détriment de nos artistes qui ont la même valeur qu’eux. Qu’on sorte de ce complexe parce qu’en Jamaïque, aucun d’entre nous n’a jamais été invité. Donc, pourquoi on leur fait la part belle ici ?  L’Afrique est la vraie source du reggae. Pourquoi pas une caravane d’Alpha Blondy, Tiken Jah, Ismael Isaac, Hamed Farras, Kajeem… en Europe ?  Ça va cartonner grave. c’est dommage, que les promoteurs ne croient pas aux reggaemen.
• Quel souvenir gardes-tu du titre ‘’Up rising‘’ ?
- C’est beaucoup de souvenirs avec l’orchestre de l’université et de tous les grands concerts que nous avons offerts à travers plusieurs communes d’Abidjan et des villes de l’interieur. «Up rising» a été le déclic de ma carrière. C’est cette chanson qui m’a fait connaître du public ivoirien. C’est le souvenir de ma jeunesse où  je venais d’avoir ma licence en Allemand. C’était une grosse surprise pour moi de voir les Ivoiriens accueillir un titre chanté en anglais.
• Quels sont tes rapports avec les anciens de l’orchestre de l’université d’AbidjanÂ
- Les rapports sont au beau fixe. Diaby Ismaël, Big Sat nous nous sommes vus et embrassés ces jours-ci. Ensemble, nous avons évoqué le passé. Vous savez, avec la crise et le temps qui est passé, chacun est entré dans la vie active.
Â
Par Charly Légende