
Dans le calme apparent d’un petit village ivoirien, une intervention policière vient bouleverser les vacances. Cannabis, argent, réseau : Ehuasso devient, le temps d’un dimanche, le théâtre d’une saisie massive.
Derrière les chiffres, un mode de vie, un système, une alerte sociale.
C’était un dimanche d’août, lourd et silencieux, dans ce village discret d’Ehuasso, perdu entre collines et cultures vivrières.
À 80 kilomètres d’Abengourou, la quiétude masquait une activité souterraine, celle d’un fumoir à ciel ouvert bien connu.
Une alerte anonyme, tombÃ
©e dans la matinée, réveille les antennes régionales de la police antidrogue d’Abengourou. Ils s’organisent.
Objectif clair : démanteler un point de vente suspect, réputé alimenter la zone en cannabis durant les congés scolaires prolongés.
Le programme Vacances sécurisées 10 intensifie ses opérations ; la stratégie repose sur la vitesse, la surprise et la précision.
Vers midi, l’équipe fond sur le fumoir. L’homme de 43 ans est interpellé, pris entre deux clients désœuvrés.
Il ne résiste pas. Posé, résigné, presque calme. Dans son sac de fortune, les agents découvrent une marchandise inquiétante.
Treize kilos et demi de cannabis sous forme de ballons. Mais aussi 834 pochons prêts à être écoulés discrètement.
Des sachets d’OG Kush, variété prisée et chère. Le marché noir est structuré, les consommateurs ciblés sont jeunes.
La valeur totale des produits saisis frôle les 4 350 000 francs CFA. Un chiffre qui glace par son implication.
Derrière chaque pochon : un acheteur, un collégien peut-être, une échappatoire, un silence familial, un effondrement scolaire en marche.
L’homme sera traduit devant la justice. Il risque lourd. Mais la vraie question reste : combien restent encore dans l’ombre ?
Ce n’est pas seulement un trafiquant, mais un maillon visible d’une chaîne plus vaste, plus souterraine, plus tentaculaire.
Pourquoi un village devient-il un point de transit ? Quelle misère pousse certains à risquer leur liberté pour cela ?
La drogue n’est pas qu’un crime, c’est un symptôme. Il parle de jeunesse perdue, d’inégalités sociales et d’absence d’alternatives.
Et pendant ce temps, les vacances avancent. Les enfants jouent. Mais certains quartiers tombent, doucement, sous l’emprise invisible.
Les autorités annoncent vouloir renforcer la prévention. Mais les chiffres seuls ne suffisent plus. Il faut comprendre les racines. Agir.
Ehuasso n’est qu’un nom aujourd’hui. Mais combien d’autres villages, d’autres poches rurales, d’autres jeunes pris dans ce même piège ?
SOPHIE BLE
Mots clés: #Ehuasso