Officiellement, tout va bien. Les bus roulent, les communiqués rassurent, les cadres sourient.
Officieusement, le système craque de partout. Et depuis quinze ans, un silence assourdissant recouvre des pratiques que la direction préfère taire : dettes colossales, incendies suspects, droits sociaux bafoués, manipulation du parc roulant, et un fossé grandissant entre ceux qui dirigent et ceux qui font tourner les bus.
Notre enquête, nourrie de récits d’agents, d’observations de terrain et de documents administratifs internes, révèle un tableau autrement plus sombre.
Assurances : un droit mortellement saboté
Les hôpitaux d’Abidjan refusent les agents SOTRA. Les cliniques, pareil. Les pharmacies, idem. La raison tient en un mot : dettes. Des millions cumulés, jamais payés,
qui ont transformé la couverture sociale des travailleurs en simple bout de papier.
Les machinistes tombent malades ?
Ils payent eux-mêmes. Ou ils ne se soignent pas. Depuis quinze ans, la situation n’a pas bougé d’un centimètre.
Pendant ce temps, la haute direction, elle, se soigne en Europe.
Billets d’avion business class. Cliniques privées. Le contraste est violent. Presque obscène.
20 000 FCFA de logement : la prime qui insulte les agents
La SOTRA n’a pas revalorisé son aide au logement depuis une éternité. 20 000 FCFA. Le prix d’une demi-journée de location à Abidjan, pas d’un mois de loyer.
Les machinistes vivent dans des quartiers éloignés, subissent les coupures de courant, les hausses de prix… et viennent conduire des bus qui ne garantissent même plus leur sécurité.
À la direction, on multiplie pourtant les exigences : uniformes impeccables, discipline irréprochable, rendement maximal. Toujours plus pour ceux qui ont toujours moins.
Koumassi : 13 bus brûlés, zéro explication crédible.
Treize bus sont partis en fumée à Koumassi, le 20 octobre 2025. Treize. Et pourtant, la direction n’a jamais isolé le dépôt. Jamais renforcé la sécurité. Jamais ouvert d’enquête transparente.
Pourquoi ?
Parce que, selon plusieurs sources internes, l’incendie n’a rien d’accidentel.
Les témoignages sont formels :
« Des « vieux bus » ont été récupérés dans plusieurs dépôts : 2, 8, 9, mais aussi à la direction. Ils ont été entreposés derrière le dépôt 05 de Koumassi, à l’abri des regards. Puis ils ont brûlé.». Tous ensemble. Comme par magie.
Un machiniste, vingt ans d’ancienneté, résume : « Ces bus n’ont pas brûlé. On les a fait brûler. C’était pour faire disparaître des preuves…».
La thèse choque.Mais elle correspond à un schéma bien connu : un bus détruit, c’est un dossier qui s’éteint. Plus de pièces détachées à justifier. Plus de budgets à expliquer. Plus de malversations à tracer. Lire la suite sur https://www.eventnewstv.tv/sotra-quinze-ans-de-regne-de-meite-bouake-dettes-et-manipulations-plongee-dans-les-abysses-dun-service-public-a-la-derive