
La santé est un droit fondamental et essentiel pour tout être humain.
C’est pourquoi, dans les indices de développement, elle constitue un indicateur majeur. Pour les partenaires techniques, financiers et les organisations internationales, la santé est un pilier crucial dans la répartition du budget de chaque pays.
Un pourcentage du budget important y est normalement dédié afin de garantir l’accès aux soins pour les populations.
Depuis l’accession de notre pays à l’indépendance, le père de la Côte d’Ivoire moderne avait inscrit dans sa vision la construction de CHU, CHR, hôpitaux généraux, dispensaires, etc., sans oublier la formation des médecins, des infirmiers et des sage-femmes.
A cette époque, les soins et les médicaments étaient gratuits jusqu’a
ux années 1990.
Chaque année, l’Organisation mondiale de la santé publie l’état des politiques sanitaires des pays.
Il ressort que dans notre pays, une grande partie de la population n’a pas accès aux soins, aux médecins ni aux médicaments, en raison d’une pauvreté généralisée.
Aujourd’hui, bien que la médecine a connu des avancées notables grâce aux technologies modernes, nos populations continuent de mourir de pathologies pourtant curables, comme le paludisme.
Les femmes enceintes ne sont pas épargnées non plus.
Dans les pays responsables, les dirigeants se soignent dans des hôpitaux publics, notamment militaires, prouvant ainsi la qualité des soins et la compétence du personnel de santé formé localement.
Or, lors du journal télévisé de 20 heures sur la RTI, considéré comme une heure de grande écoute, un reportage a montré la signature d’une convention entre la Côte d’Ivoire et la compagnie Corsair. Cette convention vise à réduire les tarifs aériens des officiels ivoiriens, de leurs proches et familles, tout en leur facilitant l’accès au prestigieux hôpital américain de Paris.
Cette initiative frise le mépris envers les populations les plus vulnérables pour qui l’accès aux soins de santé reste un luxe, malgré les milliards injectés chaque année dans le secteur et les efforts de communication autour de la Couverture maladie universelle (CMU), qui peine encore à devenir une réalité.
Nos cliniques privées enregistrent un afflux massif de patients, au détriment des hôpitaux publics.
Ce sont généralement des patients disposant d’assurances privées.
Il est donc urgent d’ouvrir une réflexion sur la qualité des soins et l’état des plateaux techniques de nos établissements sanitaires publics.
La signature de cette convention révèle l’échec de la couverture santé universelle, car nos dirigeants qui devraient être les premiers à faire confiance à notre système de santé, préfèrent se faire soigner à l’étranger. C’est une trahison du peuple, une démission manifeste de leur responsabilité vis-à-vis de la santé des Ivoiriens.
A quelques mois de l’élection présidentielle, il serait judicieux pour les populations de porter leur choix sur un candidat proposant un programme centré sur la santé, l’éducation, le bien-être des populations, la sécurité, etc.
La souveraineté d’un pays passe aussi par la confiance accordée aux nationaux dans les secteurs sensibles comme la santé, l’éducation, la recherche scientifique et la sécurité.
Adou Evariste, Analyste politique